Le comédien Réda Kateb, d'origine algérienne et neveu du grand écrivain Kateb Yacine (Nejma), a été salué par l'Académie des Césars, dont c'était la 40e édition, vendredi soir, lors de la cérémonie de remise des prestigieux trophées (réplique française des Oscars de Hollywood). Et ce, pour avoir crevé l'écran, et non pas l'abcès, dans le film Hippocrate réalisé par Thomas Lilti, où il incarne magistralement Abdel Rezzak, urgentiste, un médecin étranger exerçant dans un hôpital public, qui est plus expérimenté que son confrère Benjamin… «Je ne boude pas le bonheur et l'émotion que j'ai maintenant. C'était inespéré, j'ai une chance incroyable ! C'est un film qui n'était pas formaté pour rencontrer un très large public… c'est une surprise magnifique que les gens soient venus et qu'on ait un César… J'ai voulu garder la tête sur les épaules pour dire ce que j'avais à dire devant tous ces gens et essayer d'être à la hauteur du cadeau qu'on me fait ce soir», a-t-il confié. Aussi, Réda Kateb, aux côtés de ses pairs, Tahar Rahim ou encore Leila Bekhti, remettante de ce César et qui lui donnera une fraternelle et chaleureuse et émouvante accolade, représente «la nouvelle vague» du cinéma français. Révélé et affirmé dans Un Prophète, de Jacques Audiard, et confirmé dans Qu'un seul tienne et les autres suivront, de Léa Fehner. Depuis, Réda Kateb ne cesse de s'amender avec des films comme Gare du Nord, de Claire Simon ou encore Loin des hommes, de David Oelhoffen. Rencontré récemment (interview d'El Watan du 10 novembre 2014), il nous confiera à propos de la sélection de ses films : «Oui, absolument, je refuse quasiment tous les jours des projets, je refuse beaucoup de choses. Ce qui me séduit dans un scénario, c'est le renouvellement, la découverte. Assouvir ma curiosité à travers les rôles, de ne pas me lasser ainsi que les autres. Je trouve que ce métier est un beau moyen pour se découvrir et découvrir le monde, quoi ! Donc, effectivement, ces dernières années, j'ai beaucoup tourné que ce soit aux Etats-Unis, Kenya, Jordanie, Maroc, et dans pas mal de pays. Et c'est vraiment une chance. Mais il faut déjouer les pièges qui sont d'accepter de d'être justement le ‘‘bandit'' de service en permanence. Ou de faire un fond de commerce de son identité. Tenter d'être libre. C'est ce que j'essaie de faire». Il faut dire, il a de qui tenir. «Le nom de Kateb n'est pas lourd à porter. Au contraire. Cela vous porte. C'est une lignée qui n'est pas aristocratique, d'intellectuels cloisonnés au café de Flore ou encore au showbiz parisien. Mais au contraire, des hommes qui s'impliquent. Et pour qui l'art a quelque chose d'essentiel. L'idée n'est pas juste de faire la vedette, de monter dans une superbe bagnole. Mais de se donner corps et âme dans ce qu'on fait. C'est ce que j'essaie de faire… J'ai passé beaucoup d'années à travailler sur les textes de Kateb Yacine. C'était peut-être un peu le lait que j'ai bu dans mon enfance. J'ai travaillé avec mon père Malek Eddine Kateb qui était comédien au théâtre et un peu au cinéma aussi… »