Le conflit qui oppose les travailleurs de la Société de maintenance de l'est, une filiale du groupement industriel des cimenteries d'Algérie (GICA) à leur direction vient de franchir un nouveau palier dans ce que l'on pourrait qualifier d'escalade dans l'action d'intimidation engagée par la direction à l'égard de ces travailleurs. Pour rappel, ces derniers ont entamé une grève ouverte, depuis une dizaine de jours, pour revendiquer la revalorisation de leur prime de performance et la dissolution de leur section syndicale. La SME a décidé donc d'ester, dimanche passé, sept des délégués des travailleurs en justice devant la section sociale du tribunal de Constantine pour «abandon de poste avec exécution immédiate de la sentence», peut-on lire sur la convocation qui leur a été adressée pour se présenter lundi au pôle judiciaire du boulevard Boudjeriou. Une action pour le moins singulière, sachant que dans ce cas de figure, nous a expliqué un juriste que nous avons contacté, la direction de la SME n'a pas respecté la procédure. Celle-ci se devait, avant d'intenter une action en justice, déclarer la grève illégale, adresser ensuite une notification aux travailleurs pour la reprise du travail, et enfin les traduire en commission de discipline. Par conséquent, estime ce même juriste, le tribunal ne peut que déclarer l'irrecevabilité de la plainte. Chose qui a eu lieu effectivement puisqu'on a appris, hier, que le tribunal de Constantine a rejeté la plainte déposée par la direction de la SME. Par ailleurs, et en dépit des pressions exercées par leur direction, les 500 travailleurs en grève de la SME de Hamma Bouziane, de Aïn Kebira à Sétif, Aïn Touta à Batna, El Ma Labiod à Tébessa et Hdjar Essoud à Skikda déclarent par la voix de leur porte-parole, Redouane Boutoumou, «qu'ils ne se laisseront pas intimider et restent déterminés à poursuivre leur mouvement de contestation tant qu'aucune négociation sérieuse sur leurs revendications n'a été engagée par la tutelle».