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Chants patriotiques, zorna et... matraque
La police innove dans l'«art» de réprimer
Publié dans El Watan le 25 - 02 - 2015

Alger était assiégée, hier, par des milliers de policiers antiémeute et d'autres en civil. Mission : réprimer d'une manière pernicieuse le rassemblement de solidarité avec la population d'In Salah contre le gaz de schiste. On a procédé à de nombreuses interpellations brutales dans le tas. Les policiers ont mis à exécution le «plan de gestion démocratique de la foule», tant vanté par leur premier responsable, Abdelghani Hamel…
Alger s'est réveillée, hier, aux couleurs de la police. Tôt dans la matinée, des camions et des véhicules bleu et blanc s'embusquent dans la majorité des ruelles perpendiculaires aux rues Didouche Mourad et Hassiba Ben Bouali, qui mènent vers la place de la Grande Poste. Dès 8h, le «cœur» de la capitale est totalement bouclé. Casque sur la tête, bouclier dans une main, bâton en bois dans l'autre, gilet pare-balles, des protections aux genoux et aux coudes, ils sont des milliers de policiers à être mobilisés pour empêcher le rassemblement de «l'opposition» contre le gaz de schiste. Ils occupent tous les espaces publics, depuis la place du 1er Mai, jusqu'à celle de la Grande Poste.
Les files de camions antiémeute longent la descente de l'hôpital Mustapha et les alentours du siège de la centrale syndicale, sous les assourdissantes des sirènes. Les commerces sont ouverts et les gens pressent le pas pour éviter toute altercation avec les policiers. Toujours très animée, l'avenue Hassiba Ben Bouali, grouille de monde. La circulation n'est pas aussi fluide qu'habituellement. Les policiers occupent les deux côtés de la chaussée. La place de la Liberté de la presse accueille une foire de l'artisanat, mais aussi un espace de vente de nougat constantinois. Des haut-parleurs diffusent, à forts décibels, des chants patriotiques.
La rue Didouche Mourad connaît le même climat. La tension est perceptible, notamment chez les commerçants, même si la majorité d'entre eux n'ont pas baissé rideau. Alignés le long de la chaussée, les policiers organisent la circulation automobile. Ils empêchent les piétons de s'éloigner du trottoir et obligent les automobilistes à accélérer. Il est 11h. A la Grande-Poste, un air festif plane sur les lieux, c'est devenu depuis quelques années l'endroit privilégié de la contestation.
Ici, les policiers ne sont pas seuls. Ils sont appuyés par les gendarmes dont les véhicules sont bien visibles. Ils n'interviennent pas, mais observent les manifestants de près et de loin. «Qu'est-ce qui se passe ? Encore des policiers qui manifestent ?», lance une femme à l'adresse d'un journaliste. Elle est vite apostrophée par un officier, qui exige d'elle de quitter les lieux. Des troupes folkloriques se mêlent à la foule, Sous les sons de la zorna, des cyclistes qui arrivent, sous les applaudissements de badauds, transforment ce lieu de contestation en une tribune de fête, bien protégée par la police. A la Grande-Poste, il est très difficile de discerner les contestataires des invités à la cérémonie que supervise le wali d'Alger.
Mais la tension est palpable. Une violente bousculade éclate et met à terre de nombreux présents. Très nerveux, les policiers hissent leurs boucliers et repoussent avec une brutalité inouïe les quelques manifestants vers le trottoir. Le leader du RCD, Mohcine Belabbas, arrive. A peine abordé par les journalistes, que les policiers l'encerclent et l'éloignent des groupes de manifestants. Ces derniers crient haut et fort : «Non au gaz de schiste». Les policiers semblent exaspérés. Les appels radio se multiplient tout comme les va-et-vient des officiers. Manifestants, passants, journalistes, photographes et badauds sont, eux aussi, brutalement repoussés vers la place Maurice Audin. La tension monte.
Une dizaine de manifestants qui tentent de résister se retrouvent embarqués dans les fourgons de la police, stationnés dans les petites ruelles adjacentes à la grande avenue. La foule se disperse, puis se reforme un peu plus loin, avant d'être encore une fois dispersée. Policiers et manifestants jouent au chat et à la souris. Brutalisés, malmenés, les dirigeants de «l'opposition» poursuivent leur marche. Aux journalistes, Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, lance : «Nous avons marché. Pour nous c'est une réussite.» Il est vite repoussé par les policiers pour empêcher tout regroupement autour de lui.
Un peu plus loin, Abderrazak Makri, président du MSP, tente de s'extirper des boucliers de la police. Il s'en sort indemne. Mais un de ses accompagnateurs s'affaisse par terre. Son fils est brusquement embarqué à bord d'un véhicule de la police. «Notre action est réussie. Nous avons pu faire manifester 30 000 policiers dans la rue. Pour nous, c'est une victoire», dit-il ironiquement aux journalistes. Quelques députés, dont des femmes, rejoignent le petit attroupement autour de Makri.
Des slogans du genre : «Nous sommes tous In Salah», «Non au gaz de schiste» «Le gaz de schiste est une affaire nationale» fusent de partout, suscitant la nervosité des policiers antiémeute. Pour étouffer la voix résonante des manifestants, les policiers laissent libre cours aux sirènes de leurs véhicules. Aucune pancarte n'a pu être hissée. A peine levée, les policiers l'arrachent des mains des manifestants pour la détruire sur place. Leurs collègues en civil font la chasse aux «meneurs», qu'ils neutralisent avec une rapidité déconcertante. Encouragée par un groupe de députés, la foule se fraie un chemin et s'ébranle vers Didouche Mourad. Les heurts entre les «bleus» et les marcheurs se multiplient.
Pas question pour les policiers de laisser les manifestants occuper la chaussée et de bloquer la circulation automobile. Les clients des terrasses de café abandonnent brusquement les tables. Quelques magasins baissent rideau, mais d'autres restent ouverts. Les députés poursuivent leur marche. Furtives, les interpellations musclées se multiplient. Des jeunes, des moins jeunes, des passants et même un touriste suisse (qui ne cessait d'exhiber son passeport) qui prenait des photos, se retrouvent au fond des camions de la police, pour être dirigés vers les commissariats les plus proches.
Fin de matinée, les députés se retrouvent non loin du siège du RCD. On annonce l'arrivée de Ali Benflis et celle aussi de Bouguerra Soltani. «Nous estimons que le gaz de schiste doit être une préoccupation nationale. Nous nous attendions à une telle répression, mais l'essentiel est que les gens sont sortis», déclare-t-il à la presse. En début d'après-midi, les rues d'Alger sont toujours envahies par les policiers, alors que les manifestants sont totalement dispersés.
Hier, Alger n'était pas au rendez-vous avec la fête, mais plutôt avec la répression, aussi pernicieuse que choquante. En fait, les policiers n'ont fait qu'appliquer la théorie de leur premier responsable, Abdelghani Hamel, à savoir «la gestion démocratique de la foule». Une gestion qui consiste à réprimer par une exhibition de la force oute voix contestataire.


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