Le conflit du Sahara occidental traverse l'une des phases des plus complexe de son histoire. Cela fait 24 ans que les Sahraouis attendent un référendum (qui leur a été promis par l'ONU en 1991) pour leur autodétermination, en vain. Ni les différentes résolutions des Nations unies — pourtant toutes en faveur d'une telle option — ni les négociations, entamées en 2007 sous l'égide de l'ONU, n'ont débouché sur une solution du conflit. Le Maroc, qui a jusque-là bloqué tous les efforts de l'ONU, a mené le processus de décolonisation du Sahara occidental à une nouvelle impasse. Ce qui fait que la prochaine résolution des Nations unies est décisive pour l'avenir de la dernière colonie d'Afrique. C'est dans ce contexte qu'a été célébré, hier, dans le camp des réfugiés sahraouis de Smara, le 39e anniversaire de la RASD, proclamée en février 1976. Et s'il est vrai qu'en raison de ce statu quo les Sahraouis, frustrés, commencent à s'impatienter, il n'en demeure pas moins qu'ils restent déterminés à arracher leur liberté. «Nous disons au monde que les Sahraouis sont plus que jamais unis et que leur volonté de libérer leur pays est inébranlable», a indiqué hier le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, lors d'une rencontre avec la presse. Eviter un autre conflit Pour ce faire, le Front Polisario préfère encore encourager les efforts des Nations unies pour la simple raison que, comme le note ce haut responsable sahraoui, «la région n'a pas besoin d'un autre conflit armé». C'est pourquoi la prochaine réunion du Conseil de sécurité sur la question s'annonce cruciale. «La rencontre d'avril est importante, le feuilleton doit avoir une fin pour mettre un terme à cette double impasse», selon le Premier ministre sahraoui. C'est dans ce cadre que l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, et Kim Bolduc, chef de la Minurso, ont effectué, il y a quelques jours, une visite dans la région. Une visite au cours de laquelle les deux responsables onusiens ont rencontré dans les camps des réfugiés la délégation aux négociations et des cadres politiques sahraouis. «L'espoir du Front Polisario est que la visite de Christopher Ross permette d'accélérer ses efforts en faveur du parachèvement du processus de décolonisation du Sahara Occidental et mette fin aux atermoiements du Royaume du Maroc qui cherche à gagner du temps et imposer le fait accompli colonial», soutient Abdelkader Taleb Omar. Dépasser le blocage Mais Christopher Ross est-il capable de redynamiser ce processus ? «Christopher Ross a la volonté de chercher des solutions concrètes. Nous avons constaté cela durant notre rencontre dans les camps», a estimé notre interlocuteur, cela même si, à ses yeux, «cela reste insuffisant». «Il faut une solution juste et fixer une date, cela a trop duré. Il est temps de prendre des décisions pour que Rabat accepte un référendum», a-t-il insisté. Abdelkader Taleb Omar rappelle que «le dernier rapport de l'ONU a dit que si le blocage persiste, elle va revoir la procédure». «L'ONU est responsable, il faut accélérer les négociations », a-t-il encore estimé. Reste à savoir quelle sera la nouvelle stratégie de l'ONU pour résoudre ce conflit. Mais avant cela, le Premier ministre sahraoui a invité le principal pays qui soutient le Maroc dans sa politique expansionniste, la France, à revoir sa position vis-à-vis du conflit. «Les Sahraouis attendent depuis 40 ans et la France joue un rôle négatif dans le conflit. Paris, qui se trouve sur tous les fronts, en Libye, en Syrie et au Sahara, joue un rôle contradictoire avec ses principes de défenseurs des droits de l'homme. Elle doit revoir sa position dans le bons sens», a-t-il insisté. Abdelkader Taleb Omar, qui estime que la question sahraouie ne cesse de marquer des points a enfin salué l'Union africaine qui vient de réaffirmer son opposition à la tenue du Forum Crans-Montana, du 12 au 16 mars à Dakhka. Comme il n'a pas manqué de saluer la position de l'Union européenne, réaffirmant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination.