Il y a deux ans lors du précédent Salon, 1 447 753 amateurs de beaux châssis se sont rendus Porte de Versailles à Paris, afin d'y découvrir les nouvelles voitures. Cette année, du 25 septembre au 10 octobre, les organisateurs attendent davantage de monde. Ce rassemblement porte un nom : Le mondial de l'automobile. Autrement dit, la célébration de cet objet pas comme les autres, dont la place dans la société se voit de plus en plus contestée, mais pour lequel quelques milliards d'êtres humains éprouvent encore un peu, parfois même beaucoup d'affection. Le millésime 2004 du plus vieux Salon du monde (la première édition a été organisée en 1898 et avait accueilli 200 000 personnes) comptera dans les annales, car la fête a été belle. Au programme, 60 nouveaux véhicules dévoilés en exclusivité mondiale et des centaines de modèles et de marques présents pour le grand plaisir des amateurs de voitures. Ces nouveautés vont de la Peugeot 1007 à la Ferrari F430, en passant par le Hummer Fh2 et les rutilantes Maybach 65 et 55. Les habitués des lieux noteront des transformations dans l'architecture même du salon et la disposition des marques et modèles. En 2004, rares sont les marques solitaires n'appartenant pas à un groupe. On ne s'étonnera plus de voir se partager le même carré Fiat, Lancia, Maserrati et Ferrari. Et siéger côte à côte Nissan et Renault, et de mettre Ford, Jaguar, Saab et Subaru dans le même sac. Heureusement, l'ère de la voiture passe-partout est révolue. Les stands se font bigarrés et les modèles se démarquent. Mieux, il y a tant de types et de sous-types de voitures que l'on a l'impression que les constructeurs font du sur-mesure, au bonheur des automobilistes sexes et âges confondus. Les designers ont laissé aller leur imagination quitte à heurter. L'heure n'est plus au consensus. Le constat souvent entendu « elles se ressemblent toutes » a fait son temps. En fait, cette évolution correspond à la tendance actuelle du marché et va dans le sens des attentes du consommateur. Conséquence, de nouveaux types de carrosseries et de nouveaux concepts de motorisation ont vu le jour, sans toutefois partir vers les horizons prétentieux des soucoupes volantes. Une voiture ça ne vole pas, il faut même faire de sorte qu'elle colle à la route, d'où la débauche de technologie dans le domaine de la correction d'assiette, de l'ABS et de l'assistance à la conduite. Les suspensions gagnent en confort et soutiennent des voitures devenues espaces de vie. Justement, en explorant la voie tracée par la Renault Espace il y a déjà 20 ans, les constructeurs ont accouché d'un nouveau concept, celui du minispace. On connaissait la Fiat Idéa, petite sœur de la Lancia Musa, mais aussi l'Opel Mériva, les Français répliquent en lançant la Peugeot 1007 et la Renault Modus, bijoux de technologie et de confort, au prix jugé pourtant exagéré. Mercedes, invente avec sa CLS, un véhicule hybride, mi-coupé mi-berline à la motorisation surpuissante et à la carrosserie hallucinante. La Mercedes CLS ressemble à une BMW série 6 avec le coffre ouvert, et donc à une grosse Porsche 911 Targa des années 1970-1980. Peu de nouvelles berlines, mais de grands changements dans les best-sellers. La C5 revient au style Citroën avec des lignes typiques. La marque aux chevrons lance la C4, en 3 et 5 portes, et vient par là de compléter sa gamme. Ford restylise sa Focus et met le paquet pour en faire, à l'instar de sa sœur, une conquérante. Le marché des « petites bombes » a accouché de quatre allemandes, la Nouvelle Classe A, la Série 1, l'Audi A3 Sport Back et de la mythique déclinaison G-Ti de la Golf. Du côté du groupe Volkswagen, on s'évertue, malgré la crise, à élever des chevaux sous les capots. Parlons rêves en évoquant la Laraki, première GT marocaine, présentée à Genève et qui entrera prochainement dans le marché du luxe. Pagani avec sa Zonda, rejoint les étoiles et propose pas moins de 600 chevaux sous le capot, pour la modique somme de 380 000 euros. Comment parler de GT sans évoquer Lamborghini, Ferrari, Mazserrati et Porsche qui innovent. Le Murcilago de Lamborghini renoue avec les portes en élytre de la Contach et avec ses muscles aussi. Murcilago est le nom d'un taureau si courageux dans l'arène qu'il fut épargné. F430, un autre code barbare à ajouter au catalogue de la firme de Maranello. Pour y être monté, c'est à un changement total d'univers qu'est contraint son conducteur. On a du mal à quitter des yeux le volant garni des papillons de la boîte séquentielle et le compteur qui marque 380 km/h. Maserrati ne change rien à son auguste Quatropporte, et Porsche évite de trop modifier sa mythique 911. Mercedes n'oublie, quant à elle, pas de présenter sa SLR. Il y a des marques qui ne jouent pas avec leur réputation. Maybach présente ses 65 et 55, alors que Rolls Royce affiche bonne mine avec sa Phantom. Le Mondial de l'auto aura connu une de ses plus belles éditions même en l'absence des voitures chinoises, dont le déferlement est prévu en 2005.
