L es contractuels sont décidés à faire entendre leur voix. Après leur action réprimée à Alger, la Coordination des contractuels, affiliée au Comité des lycées d'Algérie (CLA), a décidé de délocaliser ses actions de protestation. Une cinquantaine de délégués des contractuels de la wilaya de Béjaïa ont organisé, mercredi dernier, un rassemblement devant la direction de l'éducation sans avoir pu être reçus par le directeur de l'éducation, «retenu sur terrain». «Il y avait principalement des délégués vu que les contractuels ne pouvaient pas être là en raison des pressions exercées sur eux. On nous a expliqué que le directeur de l'éducation et le secrétaire général étaient dans un établissement à Naciria», signale Maouche Abdenour, l'un des représentants du Comité des enseignants contractuels et vacataires de la wilaya de Béjaïa (CECV). Les protestataires ont dénoncé la répression policière de leurs représentants et réitéré les revendications liées à leur intégration automatique et au versement régulier de leurs salaires et des arriérés. «Des enseignants attendent d'être titularisés depuis 3 et 4 ans. C'est le cas d'une enseignante qui occupe un poste de vacataire depuis 7 ans au lycée El Hamadia à Béjaïa. Certains ont été des remplaçants au départ ou ont été intégrés dans les différents dispositifs, tels que l'ANEM et la DAS. Il existe quelque 1000 contractuels à Béjaïa. Il y a des établissements où le nombre de vacataires et contractuels dépasse largement celui des titulaires, à titre d'exemple le CEM d'Assif El Hamam. On trouve aussi des dizaines des vacataires au niveau de chaque établissement comme dans les lycées d'El Hamadia et d'Adekar», s'indigne-t-il. Les syndicats estiment à près de 20 000 le nombre de contractuels recensés à travers le pays. En attendant une intégration qui tarde, ces enseignants ne perçoivent pas à temps leur salaire. Pas d'arriérés et enseignants agressés ! Ce problème, comme l'a expliqué la ministre Mme Benghebrit aux syndicats, est dû à des blocages bureaucratiques dans les directions de wilaya de l'éducation. «Le problème se pose dans les wilayas. Il y a des directions qui payent à temps les enseignants, d'autres pas. Dans la capitale, il y a des disparités entre les directions d'Alger-Est et Ouest. Certains enseignants n'ont pas reçu leurs arriérés depuis plus de deux ans. Nous travaillons à crédit. Nous payons de notre poche les déplacements et les besoins. Ils nous arrive de nous endetter alors que les salaires sont d'à peine 27 à 30 000 DA pour les vacataires qui peuvent bénéficier d'une prime de rendement, et de 9000 et 15 000 pour les enseignants payés par la Direction de l'action sociale (DAS) et l'ANEM», précise le représentant du CECV. Après l'action de protestation du 10 février, des directions de l'éducation auraient décidé d'épurer le dossier et d'«indemniser» des enseignants. «A Alger-Centre, les enseignants commencent à recevoir leurs arriérés», signale le CECV. Le Comité des contractuels dénonce la «suspension arbitraire» des enseignants lauréats du concours de recrutement de 2014. Ayant accompli leur période de stage, ces enseignants ont été «écartés sans ménagement alors qu'ils auraient dû être titularisés». «Ils sont près de 140 dans la wilaya de Skikda et autant à Tiaret, Alger-Ouest, El Tarf et Jijel. Nous dénonçons cette décision des directions de l'éducation qui se sont débarrassées des enseignants alors que la logique voudrait qu'ils soient titularisés vu les besoins dans le secteur», signale M. Maouche.