L'APN, en coordination avec le PNUD à Alger, organisera le 10 mars une journée parlementaire sur la promotion de la représentation politique de la femme au siège du Parlement. Des élues des assemblées locales et nationales seront présentes pour exposer leurs expériences sur le terrain, leur parcours de femme politique et leur analyse de la politique des quotas. Seront présentes aussi les ambassadrices accréditées à Alger, des ex-ministres femmes, des représentantes du monde des médias et de la culture, ainsi que des juristes, dont Nadia Aït Zaï, et des militantes féministes, comme Nefissa Lahrèche. L'occasion, donc, d'évaluer les résultats de la politique des quotas instaurée, puis la dernière législature du Parlement et en tirer les conséquences. «C'est vrai qu'on ne peut juger le temps d'un mandat si court, surtout que souvent, on juge plus sévèrement les élues femmes que les élus hommes, estime Amel Deroua, vice-présidente de l'APN, incitatrice de la rencontre. Il y a eu une violente exposition médiatique qui a véhiculé, parfois, une mauvaise image.» Et d'ajouter : «Quand un homme politique se trompe, on le remplace, quand c'est la femme politique qui se trompe, c'est toute la gent féminine qui est taxée d'incompétence. C'est injuste !» A qui la faute ? Pour l'élue FLN, il faut aller plus loin que le quota des 30% sur les listes électorales. «Il ne suffit pas d'élire des femmes et les laisser ‘‘de côté'' sans les former, les outiller pour l'action politique et partisane. Il faudrait revoir la loi sur les partis pour imposer des quotas de femmes au sein même de toutes les instances des formations politiques, de la base à la direction, car une militante politique se construit depuis sa jeunesse.» Ce sera d'ailleurs l'une des pistes sur lesquelles plancheront les participants à la journée du 10 mars à l'APN et un forum sera constitué pour travailler sur cette question. Pour Amel Deroua, un long travail de changement des mentalités est aussi nécessaire : «Les hommes politiques doivent comprendre que nous ne sommes pas dans une logique de rivalité, cela il faut bien l'expliquer.» D'autant que l'image de la femme, dans notre société, souffre de clichés sexistes. «Il y a une régression depuis plus de vingt ans, la religion n'est plus un mode de vie, c'est devenu une série d'interdictions sans aucune explication. L'image de la femme dans certains médias, à la télévision, dans les chansons, est indigne. C'est la femme sous tutelle, qui s'occupe de son mari exclusivement, c'est la femme-objet», dénonce l'élue. A ses yeux, les efforts de former des femmes politiques pour demain commencent dès l'école : «D'abord en sortant du système d'assistanat éducatif et avoir des élèves autonomes, qui réfléchissent par eux-mêmes, ensuite, il faut dénoncer ce phénomène initié par certains enseignants, de séparation entre filles et garçons, alors que la mixité est obligatoire dans nos écoles !» Tout un programme. «Oui, il faut beaucoup d'efforts, admet la vice-présidente de l'APN. Mais nous ne sommes pas seules, il y a aussi heureusement des hommes qui nous soutiennent.»