Plus de 9500 fusils de chasse ont été confisqués par l'Etat en 1993 dans la wilaya de Bouira. Les propriétaires continuent de réclamer la restitution de leur bien. De longues années se sont écoulées depuis que les pouvoirs publics ont procédé à la confiscation des fusils de chasse à travers plusieurs wilayas du pays. La décision prise par les hautes autorités du pays avait été motivée par la dégradation des conditions de sécurité au début des années du terrorisme. Et surtout afin d'éviter que ces armes ne soient saisies par les groupes armés activant dans les maquis. Tout a commencé au début du terrorisme, en 1993, quand les autorités du pays ont décidé de confisquer toutes les armes des citoyens, notamment ceux habitant les zones rurales. Le gros des armes confisqués par l'Etat s'est localisé dans les wilayas du Centre, en particulier dans celle de Bouira où on recense plus de 9500 fusils saisis. Au début des années 2000, ces propriétaires des fusils ont commencé à réclamer leurs armes, et ce, en organisant des sit-in de protestation et des marches à travers plusieurs villes du pays. Depuis, ils n'ont cessé de réclamer de l'Etat la restitution de leurs armes. Encadrés autour d'une association, ces milliers de personnes, pour la plupart des paysans, ont initié des actions de rue. Ils ont même fermé à plusieurs reprises le tronçon autoroutier pour faire valoir leur droit et se faire entendre. Au niveau de la wilaya de Bouira, une association pour la récupération des fusils de chasse Essalem a vu le jour. Les propriétaires de ces fusils, pour la plupart des personnes âgées, se donnent rendez-vous chaque dimanche à la place des Martyrs au centre-ville de Bouira dans le but d'interpeller les pouvoirs publics à prendre en charge leur cas. Ils réclament la restitution pure et simple de leurs fusils de chasse. Des centaines de rassemblements de protestation et des marches ont été donc organisées, sans que les autorités ne daignent régler ce problème. Les pouvoirs publics ont été saisis sur ce dossier, dont le chef de l'Etat, son Premier ministre et l'état-major de la 1er Région militaire. Il a fallu attendre 19 ans pour que les autorités décident enfin la restitution de toutes les armes confisquées à leurs propriétaires. En fait, c'est en mai 2012 que les pouvoirs publics avaient décidé d'entamer les procédures de restitution de ces armes à leurs propriétaires. Cette décision obéit, selon certains, à des considérations purement politiques dès lors que l'opération avance à pas de tortue et les milliers de propriétaires continuent d'occuper le terrain par les protestations. En effet, 22 années se sont écoulées et 3 ans après le début de l'opération de restitution des armes, ces personnes continuent de réclamer leur bien sans savoir à quel saint se vouer. «L'Etat a confisqué nos fusils de peur qu'ils tombent entre les mains des groupes terroristes. Mais maintenant que le pays a retrouvé sa stabilité, qu'ils nous rendent nos armes !», dira Brahim Recham, un membre de l'association Essalem pour la restitution des fusils de chasse à Bouira. Engagements non tenus Et à un autre d'ajouter : «C'est trop, cela fait presque 15 ans que nous réclamons nos droits. Les autorités ont décidé de nous rendre nos fusils, mais les procédures de restitution sont très lentes», affirme-t-il. Et de lancer : «Le fusil de chasse représente pour nous un honneur.» Le besoin se fait pourtant pressant, a précisé de son côté Brahim Recham. Les agriculteurs se plaignent des dégâts occasionnés à leurs cultures suite à la prolifération des sangliers auxquels ils ne peuvent faire face sans les fusils. 9500 fusils de chasse ont été confisqués rien qu'au niveau de la wilaya de Bouira. Un chiffre énorme. Depuis le début de l'opération de restitution de ces armes décidée par le gouvernement fin mai 2012, le nombre de fusils remis à leurs propriétaires ne dépasserait pas les 2000 fusils. Le porte-parole de l'association Essalem de Bouira, Guerache Abdelkader, dénonce la lenteur des opérations de restitution. «Nous ne savons pas à ce jour qui gère ce dossier. Nous sommes obligés à chaque fois de nous déplacer au groupement de la Gendarmerie nationale de Bouira, la wilaya ou le secteur militaire. En dépit des assurances de ces responsables, nous continuons quand même d'occuper le terrain», dira-t-il. Les concernés sont conditionnés par la présentation du reçu de dépôt et la formulation d'un dossier.