La baisse des cours du brut a-t-elle contraint le gouvernement à revoir sa copie en ce qui concerne la révision des salaires, et ce, suite à sa décision officielle, en septembre 2014, d'abroger l'article 87 bis ? Dans le dernier numéro du Journal Officiel modifiant et complétant la loi n°90-11 du 21 avril 1990 relative à la relation de travail et qui a pour objectif de «déterminer les éléments constitutifs du salaire national minimum garanti (SNMG)», l'article 2 indique que «le SNMG comprend le salaire de base, les indemnités et primes de toute nature, à l'exclusion de celles se rapportant au remboursement de frais engagés par le travailleur ; à l'expérience professionnelle ou toute indemnité rémunérant l'ancienneté ; à l'organisation du travail concernant le travail posté, le service permanent et les heures supplémentaires ; aux conditions d'isolement ; au rendement, à l'intéressement ou à la participation aux résultats ayant un caractère individuel ou collectif». Suite à cette promulgation, la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGAT) a réagi. Dans un communiqué rendu public, elle estime que «beaucoup d'ambiguïtés» marquent la question de l'abrogation de l'article 87 bis. «Après l'abrogation de l'article en question, une augmentation de salaire touchera seulement les catégories à revenus faibles. Cette situation va créer le mécontentement chez les grandes masses de travailleurs», estime le syndicat. La CGAT explique que «les bénéficiaires de l'annulation de cet article sont les catégories 1 à 3». «Pour la catégorie 1, l'augmentation sera 2650 DA. La catégorie 2 bénéficiera de 1465 DA de hausse. La catégorie 3 connaîtra une augmentation de 220 DA», avance la CGAT, qui déclare se baser sur les calculs de spécialistes. Le syndicat ajoute que le gouvernement démontre son «inefficacité en matière de politique de régulation des salaires et celle du travail en général». Pour l'économiste Abdelmalek Serraï, «le Trésor est à rude épreuve. Il devrait revoir ses calculs à la baisse et se montrer plus sélectif en raison de la crise financière». Mais dès le début, précise-t-il, «il a été indiqué que cela ne concernerait que les bas salaires, notamment ceux qui n'atteignent pas les 18 000 DA». Et d'ajouter : «Les décisions du gouvernement ont tout simplement coïncidé avec la baisse des cours du brut. Ce qui n'est pas évident. La plupart des entreprises publiques n'ont pas les moyens financiers. Et au-delà des 220 grandes entreprises privées, c'est la même chose.» De son côté, l'analyste financier Ferhat Aït Ali rappelle que «globalement, les salaires en Algérie ne sont que des rentes où le productif est aligné sur l'improductif et parfois derrière lui. De ce fait, la grille a été confectionnée par les moins productifs et pour eux en priorité. La masse des travailleurs ne profite que de ce qui reste. 18 000 DA ne sont pas un salaire, même net. Mais à partir du moment où il est octroyé sans aucun effort particulier, tout le monde s'en désintéresse. Nous n'avons pas une économie, mais un système de partage de butin où les plus forts et les plus malins gagnent toujours. La situation algérienne ne répond à aucune norme économique ni à aucun impératif de productivité. L'argent ayant globalement la même origine pétrolière et transitant obligatoirement par le couloir de l'Etat».