Trois mois après son inauguration en fanfare, le nouveau marché de fruits et légumes implanté à Merj-Eddib n'est désormais que l'ombre de lui-même. Sur les 42 cases érigées dans cette enceinte flambant neuve, seules sept sont ouvertes. Les autres gardent toujours leurs rideaux baissés. Un gâchis !Initié en 2013 dans le cadre de l'opération «éradication du commerce informel», ce marché de fruits et légumes continue d'être déserté aussi bien par ses propres commerçants que par la population. Il est vrai que sa localisation n'encourage ni les habitants de Merj-Eddib encore moins ceux de Zeramna, les deux cités les plus proches du site, d'aller acheter un kilogramme de pomme de terre en parcourant plus de 500 m. «mais qui voudrait venir ici faire ses achats ? Même en véhicule, les gens ne viennent pas, car il leur faudra débourser encore quelques dizaines de dinars pour les frais du parking. Ici même les toilettes sont payantes comme si les décideurs voulaient vraiment que les citoyens fuient ces lieux», témoigne un des commerçants rencontré sur les lieux.Les sept commerçants ayant décidé d'ouvrir leurs cases ne cachent pas leur amertume. Ils en témoignent : «C'est vrai que vendre dans une telle structure est mieux que les dédales de la rue mais honnêtement, on arrive à peine à écouler quelques kilogrammes de notre marchandise. On subit les contrecoups de l'éloignement et du vide qui emplit ce marché». Pour parvenir à compenser ce manque à gagner, certains se retrouvent obligés de fermer leurs cases pour aller, des fois, prendre place sur les trottoirs des marchés hebdomadaires. C'est comme si rien n'a été fait en définitive ! Pour ceux qui tardent encore à rejoindre leurs cases, le justificatif de l'éloignement de l'enceinte est également invoqué: «L'Etat a déboursé des dizaines de millions de dinars pour nous construire un marché isolé. Nous avons des familles à nourrir et si nous décidons de rejoindre les cases de ce marché, nous risquons de nous ruiner. Personne n'y vient. On a déjà refusé cet emplacement bien avant qu'on ne le construise, mais on ne nous a pas écoutés et le résultat est là ». Interrogés, plusieurs habitants de Merj-Eddib et de Zeramna ne cachent pas leur déception : «l'implantation de ce genre de marché urbain doit garantir le principe de proximité, ce qui n'est malheureusement pas le cas. J'imagine mal une ménagère de Zeramna venir faire ses emplettes dans ces lieux, car il lui faudra parcourir plusieurs centaines de mètres, d'arpenter une pente, de traverser une double-voie et de rentrer avec au moins cinq kilogrammes de fruits et légumes. Il ne faut pas se mentir, il est clair qu'il y a erreur ». Une erreur qui a offert à Skikda un marché fantôme alors que ses rues demeurent sauvagement squattées. Qui a décidé donc d'implanter cette enceinte dans ces lieux ? Peu importe qui, vu qu'à Skikda, il est d'usage que l'Administration décide de tout et que les élus (tous rangs confondus) acquiescent. Tout le problème est là, le reste n'est que phraséologie.