Ma'ssat Saïda (Le drame de Saïda ou le drame joyeux) est la nouvelle pièce du Théâtre régional d'Oum El Bouaghi, mise en scène par Hadjla Khelladi d'après un texte de Ali Tamart. La pièce, en compétition au 4e Festival national du théâtre féminin, a été présentée, lundi, au Théâtre régional Azzedine Medjoubi de Annaba. Karima (Yasmina Feriak), Nacéra (Souad Sahraoui), Sabiha (Amina Feriak), Zahra (Nouara Berrah) sont des femmes de ménage dans un hôpital. Elle voient arriver la jeune et séduisante Saïda (Kenza Boussaha). «Elle ne sait pas encore ce qui l'attend», disent-elles. Etrangement, les femmes de ménage se maquillent avant de prendre la serpillière et l'eau de javel ! Elles sont révoltées par le comportement tyrannique de Houria (Ines Boussaïd), la responsable qui entretient des relations intimes avec le directeur, Betticha (Hicham Guergah), pour renforcer son autorité. Dépassant leurs petits conflits et leurs rivalités, les six femmes vont tendre un piège au responsable harceleur. L'homme de petite taille sera mis dans une armoire pour l'humilier. Est-ce là la manière la plus simple et la plus efficace pour se débarrasser de celui qui paraît comme l'obstacle majeur de l'émancipation de la femme ? Hadjla Khelladi semble le suggérer sans convaincre. La prise de position en faveur de la femme est évidente, tellement évidente qu'elle vide presque le spectacle de toute signification. La pièce, qui peut relever du burlesque, verse dans le discours facile, parfois inutilement grossier, pour n'aboutir à rien. La chorégraphie de Fares Fettane est convoquée pour appuyer une démarche scénique naïve et un texte décousu. Idem pour la musique, devenue envahissante à la fin du spectacle. Les comédiennes, qui usent avec audace de leur corps, abusent de la gestuelle et élèvent sans raison la voix au point de crier. «Même chez nous, dans nos familles on élève voix ! Pourquoi accepter cela à la maison et pas sur scène ? Nous ne faisons que crier. Il n'y a que les Chinois qui parlent doucement», a tenté de se justifier Hadjla Khelladi. Et, comme il fallait s'y attendre, la pièce tombe dans un ravin, poussée par une moralité collante et étouffante curieusement assumée par la metteur en scène. «J'avais la rage pour monter un spectacle aux fins de casser des tabous. Le théâtre ne se limite pas à avoir des prix. Le théâtre, c'est la catharsis. J'envoie des messages au public, le provoque pour changer, pour se réveiller. Il faut en finir avec la non-réaction du public. Je me suis permis de changer la fin du texte. Et j'en assume la responsabilité», a-t-elle soutenu, agacée par les questions posées lors du débat qui a suivi la représentation. Pourquoi mettre l'homme dans une armoire ? «Il y a beaucoup de machisme. Les femmes ne sont pas des objets», a rétorqué Hadjla Khelladi, en tentant de défendre sa première expérience de mise en scène et usant d'un langage revanchard. Elle a justifié les failles béantes de la pièce par le manque de temps dans la préparation et les répétitions. Un argument faible..