Arnaud Montebourg était, jeudi, l'invité du Forum des chefs d'entreprises (FCE) pour évoquer le partenariat algéro-français. L'ancien ministre français du Redressement productif est venu parler surtout de «l'alliance des PME», une formule nouvelle sur laquelle travaillent des hommes d'affaires algériens fédérés dans le FCE avec leurs partenaires français. D'emblée, Arnaud Montebourg donne le ton de son discours : «L'économie algérienne ne peut vivre uniquement avec et par l'investissement public et les appels d'offres internationaux. Encore moins la France de ses grands groupes du CAC 40.» «L'Allemagne a réussi grâce à une forte collection d'entreprises de taille intermédiaire», a estimé Arnaud Montebourg, lors d'une conférence-débat organisée, jeudi, au siège du FCE. Il parie sur une «alliance des PME» algériennes et françaises, au travers de «la coproduction et la colocalisation», pour conquérir de nouveaux marchés, dont le marché africain, tout naturellement le plus indiqué. Pour l'orateur, au-delà du rapport d'Etat à Etat, le débat doit porter maintenant sur le partenariat au niveau des PME. Et c'est à Brahim Benabdeslam, président du conseil d'orientation stratégique du FCE, de prendre la parole pour qualifier cette «alliance de PME» de «tendance lourde qu'Ali Haddad veut donner au FCE». Les choses semblent plus claires qu'elles ont été jusqu'ici ; parallèlement à la coopération entre les deux Etats (l'Algérie et la France), les hommes d'affaires des deux pays sont engagés, à leur niveau, dans une réflexion, voire un projet d'«alliance» dont la finalité est de définir des terrains d'investissement commun. «Il y a une construction à faire ensemble au niveau des PME», estime Brahim Benabdeslam, avant qu'Arnaud Montebourg n'adhère complètement à son projet : «Des entreprises françaises ne sont plus compétitives en Europe, nous pouvons les rendre compétitives grâce à une colocalisation et une alliance avec des entreprises algériennes.» Ainsi, la coproduction et la colocalisation sont décidément les maîtres mots du partenariat algéro-français version Arnaud Montebourg. Pour lui, «le partenariat industriel tel qu'il a été conçu a fixé le cadre d'une coopération technologique, de coproduction et de formation…» Les PME algériennes et françaises doivent trouver leurs comptes dans cet esprit, d'autant plus que les enjeux de réindustrialisation s'appliquent aux deux pays, croit M. Montebourg, qui parle désormais en entrepreneur. Il se dit aussi «amoureux de l'Algérie» et «militant de l'alliance franco-algérienne». A l'entendre, il faut croire qu'Arnauld Montebourg a bien réussi sa conversion en homme d'affaires. Du moins dans le discours. Il défend toujours le «made in France», tout comme son homologue Brahim Benabdeslam qui défendait bec et ongles le «made in Algeria». Pour ce dernier, le défi majeur pour l'Algérie est de rattraper le manque à gagner de 10 à 15% de contribution de l'industrie au produit intérieur brut (PIB).