Le 17 avril 2014, jour de la dernière élection présidentielle, il y avait eu une victoire électorale telle que voulue par le régime, mais sans aucun espoir de réussite. En moins d'un an de présence à la tête de l'Etat, puisqu'on ne peut parler d'exercice du pouvoir, le système de gouvernance mis en place dans l'urgence part littéralement en vrille. Le pilotage automatique est possible dans certains domaines, mais jamais en politique. Au bout d'une année de présidence qui semble aussi longue qu'un septennat, la scène politique nationale offre un spectacle surréaliste qui démontre définitivement que le pays est tout simplement dans l'impasse. Cette dernière risque de traîner en longueur, aggravant le préjudice infligé à tous les secteurs de la vie nationale. La tétanisation de l'opposition et la parcellisation des luttes au sein de la société n'empêchent pas le sérail de s'enfoncer dans des convulsions symptomatiques des régimes en fin de règne. Même en l'absence de structuration d'une alternative d'envergure et déterminante, le régime est assez grand pour se créer des crises internes et étaler sur la place publique ses propres contradictions à travers des baromètres politiques attitrés. Le chef de l'ex-parti unique ne s'exprime pratiquement que pour s'attaquer au centre névralgique du pouvoir, qui fait les présidents de la République depuis l'été 1962. La patronne du Parti des travailleurs, qui s'étonne de se retrouver face à une oligarchie là où elle pensait trouver une esquisse de République, se résout à s'adresser à l'entourage du Président après avoir longtemps vilipendé les partisans de l'application de l'article 88 de la Constitution prévoyant la vacance du pouvoir. L'absence totale d'imagination est le fait du RND, qui continue de s'attaquer aux islamistes, préférant refaire la guerre contre l'intégrisme des années 1990. Il suffisait d'empêcher, l'année dernière, un émir descendu du maquis d'entrer au palais présidentiel et s'abstenir de demander son avis sur la révision constitutionnelle. Ce n'est plus un bateau ivre, c'est un bateau à la dérive. Toutes les grilles de lecture sautent et le commun des citoyens désespère de voir se dessiner une issue de secours. Toutes les initiatives pour un rassemblement des démocrates ayant régulièrement échoué ces dernières décennies, quelque espoir est aujourd'hui fondé sur des pôles de l'opposition qui multiplient les actions sur le terrain en tentant d'endiguer les embardées des partenaires islamistes. Le pari est d'amener ces derniers à assimiler et adhérer à la notion de base de démocratie, laquelle a été viscéralement rejetée et combattue par le système politique en place. Il y a très peu de chances que le changement vienne d'un régime dont l'aveuglement a été piteusement affiché, mercredi dernier, quand des non-voyants ont été empêchés de se rassembler devant un ministère dédié à la solidarité nationale.