L'Algérie est l'un des rares pays au monde qui sont passés à l'économie de marché sans se débarrasser de sa police politique » , a déclaré Ali Brahimi, membre de l'exécutif du RCD, chargé de la formation, lors d'une conférence-débat organisée lundi soir à Azazga (Tizi Ouzou). Le conférencier a vilipendé l'action des services spéciaux sur le terrain politique, notamment la reconduction de Bouteflika à la tête de l'Etat en 2004 et les développements en Kabylie depuis les événements de 2001. « Le printemps noir a été une provocation-répression, dont le but était de brouiller les cartes et solder les comptes au sein du sérail », dira Ali Brahimi. « La crise de Kabylie a surtout pour finalité l'élimination du RCD et du FFS de la scène politique et de donner le pouvoir à des voyous rétribués avec l'argent public », ajoute l'orateur. L'Algérie s'installe dans un « présidentialisme impérial et une léthargie institutionnelle », dénonce Brahimi, soulignant que le « peu de prérogatives qui restaient aux institutions ont été confisquées ». Le règne de Bouteflika a laminé les énergies du pays, selon le parti de Saïd Sadi, qui met en garde contre les nouvelles dispositions constitutionnelles qui viseraient à allonger d'office le mandat présidentiel (du quinquennat au septennat) et instituer le poste de vice-président « choisi par le président lui-même ». Les choix présidentiels obéissent plus à des « démons régionalistes qu'à une logique institutionnelle », dénonce également Ali Brahimi, qui met en exergue la légèreté dans la conduite des affaires de la nation. « Un chef de gouvernement s'en va sans présenter de bilan et le nouveau prend les fonctions sans présenter son programme », souligne le représentant du RCD. Il livrera les grandes lignes du programme qui sera soumis au 3e congrès du RCD qui se tiendra dans un peu plus d'un mois. Le programme en question, « fruit d'un long cheminement militant », reprend le projet de refondation nationale qui se base sur des valeurs démocratiques, comme la République, la citoyenneté, la séparation des pouvoirs, la laïcité… ». « La République est l'exact contraire de la situation actuelle, où c'est l'armée qui commande et c'est le DRS qui est le plus grand parti politique dans le pays », lance le secrétaire national du RCD. « La laïcité veut dire l'interdiction au pouvoir et aux partis politiques d'instrumentaliser la religion. Nous voulons un retour à une religion vécue dans la paix comme cela est le cas depuis des siècles dans nos villages », soulignera encore le conférencier. La régionalisation est explicitée dans le projet du RCD qui veut rompre avec les schémas hérités de l'Etat colonial. La région sera dotée d'un Parlement et d'un gouverneur élus, qui décideront et conduiront la politique économique locale, en rupture avec l'actuelle centralisation des décisions qui interdisent la coopération et le partenariat interrégionaux avec d'autres parties du monde. L'Etat central gardera l'autorité sur la monnaie, la défense et les affaires étrangères. Le RCD qui milite également pour « l'allégement des procédures administratives pour la création d'associations » n'arrive pas à faire agréer l'association de ses élus locaux dont la demande d'agrément a été rejetée par la wilaya de Tizi Ouzou, sept mois après son assemblée générale.