Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
«Le nouveau décret est le début d'une action de professionnalisation du secteur» Mourad Oulmi Président de l'Association des Concessionnaires Automobiles D'Algérie (AC2A
Le nouveau décret fixant les conditions de l'exercice du métier de concessionnaire vient d'être publié dans le «Journal officiel». Pensez-vous que les articles contenus dans ce nouveau décret reflètent une avancée en matière de codification réglementaire du métier du concessionnaire ? Il faut savoir que l'Ac2A se bat depuis plusieurs années pour réguler le marché et inciter les pouvoirs publics à prendre les mesures nécessaires pour professionnaliser le secteur. Le nouveau décret qui vient de paraître est le début d'une action de professionnalisation du secteur. Les deux points essentiels de ce document sont en premier l'article 21 qui oblige les concessionnaires à importer des véhicules dotés des équipements de sécurité aux normes reconnues à l'échelle mondiale. Au vu du nombre de morts que nous avons sur nos routes, il n'est pas possible aujourd'hui de dire qu'il y a une seule personne qui peut être contre ces mesures. Dans un deuxième temps, ce décret, dans son article 45, donne un délai de 12 mois aux concessionnaires pour s'adapter à l'obligation de s'approvisionner exclusivement auprès du constructeur concédant. Cette mesure a pour objectif de lutter contre les importateurs qui ne respectent pas les normes de commercialisation des véhicules neufs. La vente des voitures est un vrai métier qui nécessite un savoir-faire, du professionnalisme et des moyens importants pour vendre, entretenir et réparer la voiture, selon les normes du constructeur. Aujourd'hui, c'est aux concessionnaires de s'adapter et de prendre les mesures nécessaires pour se conformer au nouveau cahier des charges. Sur un autre volet, ce texte oblige également les concessionnaires à investir dans un délai de 3 ans. Actuellement, nous sommes en attente du nouveau cahier des charges qui va bientôt être promulgué pour nous donner une visibilité sur la nature des investissements que nous pouvons mettre en place. En attendant, de notre côté nous avons entamé la réflexion sur ce sujet et travaillons sur les différentes possibilités et opportunités. Nous avons étudié les pratiques qui se font dans ce domaine chez nos voisins marocains et tunisiens et ce qui se fait en Afrique de Sud. Personnellement, pour ce qui est de mon groupe, notre réflexion est orientée vers la production de la pièce de rechange avec l'objectif d'exporter une bonne partie vers le constructeur. Si plusieurs opérateurs arrivent à mettre en place cette stratégie, et même dans plusieurs domaines d'activités, la balance import/export sera rééquilibrée. Quels sont les autres axes de développement du marché et du métier du concessionnaire pour lesquels vous militez au sein de votre association ? Notre association travaille sur toutes les questions relatives à l'environnement du secteur automobile. Notre préoccupation en tant qu'association n'est pas uniquement liée aux modalités de commercialisation des véhicules, mais s'étend également aux questions liées à la qualité du carburant, en luttant de plus en plus pour la généralisation de l'utilisation des carburants propres. Nous travaillons aussi sur le dossier des normes de sécurité, sur la réglementation juridique et fiscale, et tous les autres axes liés aux métiers de l'automobile. Le nombre de nouvelles immatriculations a amorcé une tendance baissière ces dernières années. Quels sont les facteurs ayant été à l'origine de cette baisse? Pour expliquer le recul du marché, les premières raisons sont connues. Tous les Algériens s'accordent à dire que la première priorité est d'acquérir un logement. Les nouveaux programmes mis en place par l'Etat pour encourager l'achat d'un logement (AADL, LPP) ont relégué l'achat d'un véhicule au second plan. Ce qui a quelque part freiné les ventes en 2014. Mais ce qu'on peut dire, c'est que cette courbe de tendance descendante va remonter à un moment ou un autre (fin 2016 certainement), avec la livraison de tous ces programmes de logements, où le citoyen sera confronté à une nouvelle réalité, celle d'habiter la périphérie dépourvue de tout plan de transport. Et la voiture sera de fait obligatoire. Quelles sont vos propositions à même de pouvoir réguler le marché de l'occasion ? Permettez-moi aussi d'évoquer le marché de l'occasion sur lequel la loi de finances 2015 a fait référence à cette partie de voitures, en incluant la TVA sur la marge sur la vente des véhicules d'occasion. Un chiffre à retenir : 800 000 voitures d'occasion font l'objet de transactions chaque année. Cette activité est informelle à 100 %. II n'y a pas de statut de commerçant qui vend des véhicules d'occasion. Le chiffre d'affaires du marché de l'occasion échappe donc au contrôle de l'Etat. Le Trésor public ne perçoit aucun produit d'impôt sur ce chiffre d'affaires. De plus, les consommateurs ne bénéficient d'aucune garantie sur ces véhicules. Au sein de l'AC2A, nous menons actuellement une réflexion profonde pour proposer aux concessionnaires de faire de la reprise des véhicules d'occasion et leur revente avec 6 mois de garantie. Nous proposons également à ce que cette réorganisation puisse permettre aux marchands qui activent aujourd'hui dans les marchés d'El Harrach,Tidjelabine ou autres de créer des petites sociétés de vente des véhicules d'occasion dans les règles. Une telle réorganisation va non seulement faire rentrer de l'argent aux caisses du Trésor public, mais aussi créer des emplois.