Les aides et avantages décidés par l'Etat dans le but d'augmenter la production de lait ne profitent pas aux éleveurs. Certains producteurs de cet aliment de première nécessité affirment que les modalités d'octroi des aides en leur faveur échappent totalement au contrôle des représentants de l'Etat. D'autres parlent d'un vaste business qui entoure la vente de l'aliment du bétail. Un trafic qui se fait parfois avec la complicité des services chargés d'assurer la régulation des prix et d'appliquer les orientations du gouvernement. Dans les daïras de Baghlia et Dellys, pas moins de 2000 éleveurs et producteurs de lait risquent de faire faillite et de changer d'activité à cause de ce phénomène. «Notre région produit 60 000 litres de lait par jour, mais des centaines d'éleveurs souffrent de la cherté de l'aliment du bétail. Même les produits dérivés du blé, comme le son, sont cédés à des prix exorbitants par les minoteries, bien qu'il soit subventionné par l'Etat», s'indigne A. Kamel, un éleveur de Baghlia, propriétaire de 20 vaches laitières. Selon lui, certaines minoteries vendent le son à 2500 DA le quintal et établissent des factures à 600 DA/q. «Trouvez-vous normal que cet aliment soit cédé à 2800 DA/q, alors que le prix du blé, d'où il est extrait, est fixé à 1280 DA par les pouvoirs publics ?», demande-t-il. Et de dénoncer les spéculateurs en les accusant de se sucrer sur le dos des gens qui suent pour gagner leur vie. Un autre éleveur affirme que le coût du son était plafonné à 500 DA/q en 2008. «Même le foin n'a pas échappé à cette règle. Une botte de paille est cédée à 1400 DA sur le marché. Or, il y a une année, elle se vendait à 400 DA», rappelle Brahmi Mohamed (50 ans), éleveur à Afir, à l'est de Boumerdès. «L'année passée, j'avais 25 vaches. J'en ai perdu 3 à cause de la fièvre aphteuse. On m'a remboursé 22 500 DA pour chacune. Aujourd'hui, il m'en reste 17. Et je cherche à qui les vendre pour investir dans un autre créneau», regrette-t-il. Mohamed produit 40 litres de lait par jour après avoir atteint les 200 par le passé. Ce fermier fait aussi de la collecte à l'aide d'un véhicule-citerne acquis grâce à un crédit Ansej, un prêt qu'il regrette d'avoir contracté. Lui aussi dénonce le business qui entoure la vente de l'aliment du bétail. «Normalement j'ai droit à 4 kg de son subventionné pour chaque litre de lait, mais l'entité qui vend ce produit dans notre région me donne un kilo pour chaque litre de lait», dénonce-t-il. En sus de ce problème, Mohamed rencontre d'énormes difficultés pour écouler sa production. «Même l'Onalait de Draâ Ben Khedda refuse parfois de l'acheter. Heureusement qu'il y a les laitiers et les voisins, sinon j'aurais fait faillite depuis des années», conclut-il.