Réagissant aux dernières déclarations de Louisa Hanoune sur la situation du pays et l'implication du pouvoir de l'argent, Abdesselam Bouchouareb a qualifié ces propos de «clownerie politique». Forte de ses analyses politiques pertinentes et de ses arguments qui ne laissent pas indifférents, Louisa Hanoune a tiré à boulets rouges, ces derniers jours, sur ce qu'elle a appellé le bradage des biens publics nationaux. En retour, Bouchouareb n'a pas caché sa colère, hier à Alger. Le torchon brûle entre le ministre de l'Industrie et le Parti des travailleurs. En cause : les dernières déclarations du député PT de Guelma, Smaïn Kouadria, qui n'y est pas allé par quatre chemins pour accuser le ministre de lancer un vaste plan de «bradage» des entreprises publiques, avec la complicité discrète de l'actuel président du Forum des chefs d'entreprises. Le parlementaire, qui dit vouloir dénoncer les dessous de l'ouverture du capital de l'Entreprise des cycles et des motocycles et applications Cycma-Guelma, a mis en cause la nouvelle configuration des capitaux publics marchands, estimant que «le bradage des entreprises publiques a commencé sous l'ère de Bouchouareb et Haddad, dans le cadre de la création de nouveaux groupes industriels». Le dernier assaut des cadres du PT n'a d'ailleurs pas été apprécié par le ministre. Les déclarations intempestives de la porte-parole de la formation politique de gauche à l'encontre du duo Bouchouareb-Haddad ont fini par agacer. Le ministre de l'Industrie est sorti de son mutisme pour qualifier les déclarations des responsables du PT de «clownerie politique». Mieux encore, Abdessalem Bouchouareb a entrepris de surfer sur l'un des thèmes favoris de la porte-parole du PT, qui n'est autre que la main de l'étranger, manquant d'accuser de justesse Louisa Hanoune de rouler pour des intérêts occultes. Le ministre, qui sexprimait hier en marge d'une cérémonie dédiée à l'installation du comité de pilotage de mise en place de quatre écoles de l'industrie et de la logistique, a déclaré n'avoir cure ni du messager, ni de l'émetteur, encore moins de ce genre de «clownerie et de gesticulations politiques». Des gesticulations mues, selon le ministre, par «les intérêts des tenants de l'immobilisme». Un immobilisme, poursuit-il, qui «arrange les affaires de tout le monde». Traitant ses détracteurs d'«agitateurs», disséminant via leurs discours contre-vérités et accusations, le ministre n'a pas hésité à insinuer que certains des lanceurs d'alerte sur les dangers d'une privatisation hypothétique, PT et syndicats inclus, d'être derrière l'arrêt de complexes industriels, à l'image de ceux d'El Hadjar et de la SNVI. Il dira d'ailleurs à ce propos que le temps aujourd'hui est à l'industrie et que le plan d'action lancé par son département a pour objectif de concrétiser la substitution aux importations. Un discours qui aurait somme toute pu être crédible, s'il n'avait pas été empreint d'un semblant d'inexactitude. Le ministre lance ainsi de but en blanc qu'à son arrivée, les complexes d'El Hadjar et de la SNVI étaient à l'arrêt. Si dans le cas d'El Hadjar, Abdessalem Bouchouareb fait allusion à l'arrêt du haut fourneau n°2 du complexe en juillet 2014, deux mois après sa nomination, il omet de préciser que cette structure – en plus d'avoir été mise à mal par des arrêts intempestifs, dus à de multiples conflits syndicaux – est en fin de campagne, ayant pâti d'un total désinvestissement de la part du partenaire étranger, si ce n'est le milliard de dollars que le Trésor public devra mettre sur la table pour réhabiliter le fleuron de l‘industrie nationale qu'est El Hadjar. Quant au cas de la SNVI et du pôle mécanique à mettre en place, les propos du ministre à ce sujet peuvent paraître étriqués, dans la mesure où le plan de réhabilitation du pôle mécanique, à Rouiba, Tiaret, Bel Abbès et Constantine, l'a précédé, les négociations et premiers accords en ce sens datent d'au moins six ans. Enfin, si le ministre considère que la seule réponse aux propos tenus ne peut être apportée que par les actions menées sur le terrain, le débat est quant à lui politique. Et bien que l'on puisse ne pas partager la vision d'une certaine classe politique à propos du retour au socialisme d'antan, ce qui semble préoccuper le PT ainsi que d'autres formations politiques, et les syndicalistes de Rouiba, est ce nouveau deal pouvoir politique-réseau d'affaires et qui s'affirme de plus en plus depuis quelques années. L'appel à plus de privatisations de la part du nouveau président du FCE n'est pas étranger à la montée des inquiétudes depuis quelques mois. Le privé a certes sa place dans la sphère économique, mais dans une meilleure gouvernance politique, économique et sociale, où l‘égalité des chances se doit d'être garantie, autrement dit l'on pourrait se trouver dans un situation décrite par l'écrivain britannique George Orwell où «le fonctionnaire maintient le citoyen à terre tandis que l'homme.