Aux accusations de Louisa Hanoune, le ministre de l'Industrie Abdeslam Bouchouareb a usé d'un propos pour le moins inattendu : «Je ne sais pas si c'est à elle que je devrais répondre ou à celui qui l'a missionnée». Désormais, les tiraillements entre les alliés d'hier se veulent plus clairs. Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) – Abdeslam Bouchouareb est parti, hier, aussi loin dans le propos qu'a pu le faire récemment Louisa Hanoune. Ainsi, après le convalescent Amar Saâdani, SG du FLN, c'est au tour du ministre de l'Industrie de rétorquer aux attaques frontales de la SG du PT contre le cercle présidentiel. Aux récentes déclarations de cette dernière, qui l'a accusé de brader les entreprises publiques au profit d'une caste restreinte d'hommes d'affaires, lesquels d'ailleurs parleraient au nom du frère cadet du Président, Abdeslam Bouchouareb a entamé sa contre-attaque d'une manière plutôt ironique : «A qui voulez-vous que je réponde ? A elle, à celui qui l'a missionnée ou au clown politique ?» Le propos est osé, et c'est pour la première fois que le ministre sort de sa réserve. Louisa Hanoune missionnée ? Actionnée ? Par qui ? Abdeslam Bouchouareb refuse, cependant, de livrer des noms. Il se contentera de cette réponse : «Ceux qui ont entretenu l'immobilisme pendant longtemps veulent aujourd'hui, encore, le maintenir». Seconde tentative de la presse pour arracher un nom, mais le conférencier refuse toujours de dénoncer ceux qui veulent l'«empêcher de faire avancer le secteur de l'industrie». Il ajoutera à propos de cette partie intrigante qu'il ne cite pas : «ça les dérange peut-être de voir le secteur se développer». Gravissime. Pour une fois, ce n'est pas la main de l'étranger. Mais qui est cette partie interne qui veut nuire au pays, selon Abdeslam Bouchouareb ? Le défi lancé ! Toujours dans le même chapitre, le ministre défie Louisa Hanoune de lui citer, preuve à l'appui, une seule entreprise dont il a ouvert le capital au privé ou encore à un membre du FCE. Il dément formellement, au passage, les propos du député PT, Smaïn Kouadria, selon lequel l'entreprise publique des Cycles et des motocycles et applications (CYCMA) a été bradée. «Cette entreprise est déficitaire depuis des années et allait être carrément dissoute. Le gouvernement a entrepris de la remettre sur pied à la faveur d'un plan de développement. Il y a eu appel à manifestation, un privé a formulé une demande de partenariat et son dossier n'a pas été retenu», précise-t-il. Abdeslam Bouchouareb rappellera aussi que lorsqu'il est arrivé, le complexe sidérurgique d'El Hadjar était à l'arrêt, au même titre que la SNVI. Sur le cas d'El Hadjar, il ira encore jusqu'à dire : «Il était fermé à cause de gens qui le tenaient en otage». Qui sont-ils ? Toujours pas de réponse. Et comme pour mieux se situer, le ministre conclut : «Mon travail consiste à appliquer quotidiennement sur le terrain le programme du président de la République». Ouverture du capital du secteur public au privé Sellal remet à ses ministres l'instruction cadrant l'opération Selon Abdeslam Bouchouareb, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a adressé hier, aux membres du gouvernement, l'instruction cadrant l'opération d'ouverture du capital du secteur public au privé. Cette information a été livrée à l'issue de la conférence de presse qu'il a consacrée pour répondre aux accusations de la secrétaire générale du parti des travailleurs, Louisa Hanoune. «Le partenariat public-privé est un acte majeur de la politique du gouvernement. Ce matin même (hier ndlr), j'ai reçu une instruction du Premier ministre, qui cadre l'opération d'ouverture du capital du secteur public au privé. Au moment voulu, nous le ferons sans se cacher». Il ajoutera, d'ailleurs, que cette instruction ne concerne pas que son secteur mais l'ensemble des départements ministériels. Et comme pour mieux rendre la politesse à la première dame du PT, qui l'accuse de brader des entreprises publiques il ajoutera : «Personne n'a le monopole du nationalisme dans ce pays. Au nom de quoi, d'ailleurs, certains s'érigent en donneurs de leçons ?». Enfin, il est à signaler que le ministre a refusé pour le moment de donner des détails sur le contenu de cette instruction. «Je ne l'ai reçue que ce matin, au même titre que les autres ministres. Laissez-moi d'abord le temps de l'examiner», indique-t-il.