Alors que la question des salaires des entreprises du secteur économique devait être tranchée en septembre avec la tenue de la tripartite et que les négociations impliquant les sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) devaient être bouclées incessamment, la réunion, qui a regroupé hier la centrale syndicale et les fédérations des travailleurs du secteur économique, a révélé que les choses ne sont pas aussi simples. Selon le patron de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), la date de la tripartite n'a pas encore été fixée et les ateliers de travail qui planchent sur la préparation de cet important rendez-vous n'ont pas encore achevé leur travail. La situation s'aggrave avec la consternation de certaines fédérations de travailleurs quant aux « maigres » augmentations de salaires et l'inflexibilité des SGP sur ce dossier. A écouter certaines fédérations de travailleurs, les négociations avec les patrons des SGP sont difficiles. Alors qu'une grande majorité des fédérations ont achevé la phase juridique des conventions de branches, elles affirment que les discussions butent sur le problème des salaires. L'intransigeance des SGP est motivée par le fait qu'en raison des défaillances que connaissent certaines entreprises, il devient difficile d'octroyer d'importantes augmentations de salaires aux travailleurs. Et à chaque branche ses difficultés. La fédération des mines a indiqué avoir finalisé la phase juridique, mais que les discussions butent sur les salaires, les travailleurs d'Air Algérie demandent à négocier directement avec le PDG de l'entreprise, Sonatrach a carrément bloqué les négociations sur les salaires et les fédérations du commerce et du tourisme ainsi que de la métallurgie indiquent que les obstacles s'accumulent et que les discussions ne trouvent, pour l'heure, aucune issue favorable. Les secteurs qui ne souffrent pas de grandes défaillances, à l'exemple de la culture et de l'information, ont, quant à eux, réussi à clore le dossier. Dans l'ensemble, les 15 fédérations réunies hier (l'on note l'absence de 5 fédérations) sont d'accord pour plaider pour des augmentations sur le salaire minimum garanti (SNMG). Comme à l'accoutumée, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, s'est montré, devant les représentants des travailleurs, fort rassurant. Pour lui, tant qu'il y a une « volonté politique » pour prendre en charge ces problèmes, les travailleurs n'ont rien à craindre. « Ce n'est, certes, pas facile, il y a la partie juridique, ensuite les négociations de salaires avec les SGP, mais ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a aucune volonté de blocage », a soutenu M. Sidi Saïd dans un point de presse improvisé. Et d'ajouter : « Maintenant qu'il y a une volonté politique, il faut accorder nos violons avec les SGP. » A une question relative aux réticences des SGP et aux retards pris à cause des négociations houleuses, le patron de la centrale syndicale répondra : « Les SGP peuvent tarder autant qu'elles le veulent, l'essentiel, pour nous, est d'apporter du concret aux travailleurs. » Une commission sera bientôt mise en place, a-t-il souligné, afin de plancher sur le dossier des salaires. « Le principe est aujourd'hui acquis, il suffit seulement de gérer le timing », assure M. Sidi Saïd. Le taux d'avancement des négociations des conventions de branches est estimé, par le patron de la centrale syndicale, à 40%. M. Sidi Saïd a souligné que l'Ugta compte demander l'intervention du ministre du Travail, Tayeb Louh, « pour voir de quelle manière procéder », ainsi que le ministre des Participations, Hamid Temmar, « pour tenter de dénouer le problème avec les SGP ». « S'il y a lieu de demander l'arbitrage du chef du gouvernement, on le fera », a lancé le SG de l'UGTA. Il est à rappeler que deux possibilités de valorisation des salaires liées à la situation économique et financière des branches et entreprises concernées ont été retenues. La première variante concernant les entreprises en bonne situation financière (banques, assurances, entreprises de presse, etc.) autorise une hausse des salaires de base dans la fourchette de 10 à 30%. La seconde variante, qui concerne les entreprises en situation d'investissement ou de redressement, autorise une augmentation de salaires dans la fourchette de 5 à 15%. Elle comprend les entreprises en phase de mise à niveau ou d'exécution de business plan particulièrement restrictifs sur les dépenses de salaires. La dernière réunion d'évaluation regroupant les fédérations du secteur économique et l'UGTA devra se tenir la semaine prochaine.