L'ancien candidat à la présidentielle d'avril 2014, Ali Benflis, se dit conforté par le constat de la «fraude massive» qui a entaché le scrutin par le rapport de la Mission d'expertise électorale de l'Union européenne (MEE-UE). Suite à la publication par El Watan du rapport des experts de l'UE qui avaient «scruté» la présidentielle, le principal adversaire de Bouteflika évoque un rapport «accablant et affligeant» qui révèle, selon Benflis, «toutes les instrumentalisations et toutes les manipulations frauduleuses dont a fait l'objet ce scrutin». Dans une déclaration rendue publique hier, il voit dans les observations de la Mission d'expertise électorale une confirmation de ce que lui-même a dénoncé dans son Livre blanc. «Le Livre blanc sur la fraude, que nous avons porté à la connaissance de l'opinion politique nationale le 30 septembre 2014, sans se voir opposer le moindre démenti ni la moindre contestation de la part des autorités officielles, est ainsi conforté quant à son contenu par des sources internationales neutres et crédibles», a souligné l'ancien candidat à la présidentielle. Il a ajouté que «le rapport de la Mission d'observation de l'Union européenne, invitée par le gouvernement algérien lui-même, rejoint intégralement le Livre blanc dans l'identification de tous les mécanismes mis en place et de tous les instruments auxquels a eu recours le régime politique en place à l'effet de dénaturer et fausser le dernier scrutin présidentiel». Celui qui s'estimait privé de sa victoire présidentielle fait siennes les affirmations contenues dans l'évaluation des deux experts de Bruxelles en dénonçant «le contexte politique propice à la fraude qui a été créé, des remaniements institutionnels qui ont été opérés pour faciliter cette fraude, l'instrumentalisation de ces mêmes institutions à l'effet de conduire et de couvrir toutes les opérations frauduleuses, la mise au pas de l'administration ou la soumission de tout le contentieux électoral au bon vouloir de l'appareil politico-administratif en place (…)». Le rapport de la MEE-UE «rejoint en tous points le Livre blanc quant à l'établissement des faits, aux constats et aux conclusions s'agissant d'une véritable confiscation du dernier scrutin présidentiel par le régime politique en place, du détournement de tout ce processus de ses fins démocratiques et d'invalidation du choix du peuple souverain», assure Ali Benflis. A la faveur des révélations concernant les conclusions du rapport de Bruxelles, le rival de Bouteflika juge que la légitimité des «institutions qui était contestée et mise en doute à l'intérieur même de nos frontières l'est désormais à l'extérieur de ces mêmes frontières». Embrayant sur les importantes réserves de l'Union européenne, M. Benflis juge que le régime politique en place «qui a cru pouvoir impunément reconduire, à travers le dernier scrutin présidentiel, une vacance du pouvoir dont la réalité se révèle jour après jour, qui a parié sur le fait qu'à l'intérieur comme à l'extérieur de notre pays, les résultats faussés des élections finiront par être acceptés et les conditions de leur obtention oubliées et qui a pensé qu'un détournement de la volonté populaire pouvait s'accomplir sans dommages, ce régime paye aujourd'hui le prix fort de ces faux calculs, de ses manquements et de ses errements intérieurement comme extérieurement». Ali Benflis, qui s'affaire à mettre sur rails son parti politique, Talaîou El Houryet, rappelle «combien la légitimité de toutes les institutions est au cœur de la crise de régime à laquelle le pays est actuellement confronté».