Louisa Hanoune recharge, épaule et tire. Partie en guerre contre une «oligarchie» qui gangrène les institutions, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a saisi la réunion de la commission de la femme de son parti, hier à Alger, pour «enfoncer» davantage ses adversaires. «J'ai averti les hauts responsables du pays contre les dérives de l'oligarchie qui gangrène les institutions et qui met en danger l'Etat.» Une oligarchie, qui selon Mme Hanoune, «conduit au totalitarisme». Louisa Hanoune, qui a suscité une grande polémique politique en reprochant au président Bouteflika de «ne pas avoir tenu ses engagements», considère que les tirs qu'elle a essuyés de la part des hommes du Président sont signe «d'une panique». Elle a réitéré que la réaction du ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, relève de la «baltaguia» de la part de celui qu'elle qualifie comme étant un des «porte-parole de l'oligarchie». Pour elle, «jamais, y compris lors de la tragédie nationale, l'Etat algérien n'a été autant en danger de dislocation menaçant l'intégrité du pays». Mme Hanoune estime que «le mal est en son sein, agissant comme une véritable gangrène» et n'a jamais été aussi imminent, comme en ce moment. Connue pour ses positions «souverainistes», la leader du PT avec son parler dur et cru tire la sonnette d'alarme contre «les nouveaux oligarques qui ont des prolongements au sein des institutions» et évoque une «dérive mortelle». Se défendant de tout lien avec des centres du pouvoir, Louisa Hanoune arbore «l'indépendance» de son mouvement politique. Estimant que certaines de ses récentes déclarations ont été «mal interprétées», la patronne du Parti des travailleurs a tenu à préciser que son parti «est totalement indépendant, avec un programme clair et que personne ne lui dicte sa politique. Notre parti n'a jamais appartenu et n'appartient à aucun clan si les clans existent. Le PT est un parti indépendant». Une réponse au ministre de l'Industrie qui avait insinué, lors d'une conférence de presse la semaine passée, que le Parti des travailleurs aurait été actionné… Commentant l'actualité nationale de la semaine, Louisa Hanoune a estimé le report des procès de l'affaire Sonatrach et celle de l'autoroute Est-Ouest de «mascarade». Elle a dénoncé une justice à «deux vitesses». «Comment des chômeurs sont rapidement condamnés alors qu'il sont innocents, tandis que des affaires graves ne sont pas encore jugées ?», dénonce-t-elle. Et c'est dans ce sens qu'elle revendique la levée d'immunité des ministres et des hauts responsables. «Nous militons pour l'instauration d'un système de révocation des élus à tous les niveaux de la base jusqu'au plus haut sommet de la République», plaide la secrétaire générale du PT. Dans son intervention, Mme Hanoune n'a pas épargné non plus le Forum social mondial qui se tient actuellement à Tunis en attaquant «la programmation du dossier du gaz de schiste dans l'agenda du Forum mondial social en cours à Tunis». Pour elle, les altermondialistes «œuvrent pour les intérêts des puissances occidentales qui veulent que l'Algérie soit dépendante vis-à-vis d'elles». Au sujet de la condition des femmes en Algérie, qui était l'objet de la rencontre d'hier, Louisa Hanoune plaide pour «l'élimination de l'emploi précaire pour les femmes». Pour rappel, le Parti des travailleurs est l'une des rares formations politiques qui revendiquent l'abrogation de la famille.Hacen Ouali