Qui l'eut cru. El Djamila, ayant eu longtemps une réputation sulfureuse, retrouve cette année les petites gens qui l'ont boudée. Une promenade y fut expressément aménagée où les établissements hôteliers, ayant gardé leurs anciennes enseignes, ont installé leurs terrasses. Une foule joyeuse parmi laquelle on peut apercevoir quelques touristes étrangers y a pris pied. Les guinguettes déglinguées et autres buvettes, ceinturant le port de plaisance, connaissent une affluence qui ne se dément jamais en dépit de l'éclairage défectueux et de l'insécurité toujours mis en avant par les visiteurs. L'aménagement du site d'El Djamila est loin de faire l'unanimité. Aussi, l'agencement complet n'est-il pas pour demain. Les entreprises l'ayant pris en charge ont gardé leur matériel. Toutefois, le gros œuvre a été achevé. Plus loin, nous apparaît le port de plaisance qui fut pour longtemps une plage sablonneuse. « On préfère s'attabler à ses terrasses, quoique les prix affichés sont hors de portée des petites bourses. Ils varient, n'en doutez pas, entre 1400 et 2000 DA. Cependant, la nourriture composée de crustacés et de poissons variés est, pour tout dire, exquise. Le tout aménagé dans un merveilleux décor », lâche un jeune flanqué de sa petite fratrie. Par décision du wali délégué de Chéraga, les boissons alcoolisées sont interdites sur les terrasses, suscitant ainsi une certaine gêne chez les gérants. Toutefois, cette décision semble favoriser la venue d'une nouvelle catégorie de familles, plus enclines à privilégier certains aspects des sorties nocturnes. L'affluence, quelque peu frileuse en début de semaine, s'accroît, les mercredis, les jeudis ou encore les vendredis. Un parking pouvant contenir plus de 200 voitures est aménagé. Six jeunes ont été recrutés par la société privée qui le gère. Les spectacles qui sont organisés pas loin des berges font que des familles entières y affluent. Les enfants enfourchent les deux poneys pour la somme de 100 DA ramenés de la forêt de Bouchaoui. Ces bambins, peu habitués à voir ces bêtes, en redemandent. A quelques pas des quais, une estrade de bric et de broc a été montée. Des soirées dansantes sont organisées chaque week-end par l'Etablissement Arts et culture. « Le spectacle débute à 22 h pour ne s'achever qu'après minuit. De jeunes chanteurs appréciés du grand public se sont succédé sur la scène depuis le lancement des soirées », nous indiquera un agent de l'établissement. La journée du mercredi est réservée aux variétés avec, en prime, trois artistes. Celle du lendemain est consacrée à un récital, souvent donné dans les genres chaâbi ou kabyle. Le parterre est composé de quelque 200 places où se sont installées des familles venues profiter de la brise marine. La chanteuse kabyle Drifa, parée de ses plus beaux atours, a gratifié l'assistance des chansons du folklore. Des pas de danse sont improvisés au bas de la scène et chacun y est allé ainsi de son petit swing. Revigoré, le public réclame à la chanteuse de poursuivre son show. Des fouilles au corps sont effectuées par des policiers présents en force. Le hic, c'est que d'aucuns trouveront regrettable l'inexistence de bacs à ordures. Aussi, l'éclairage public est absent à la sortie du port de plaisance. Des bagarres ne manquent pas de se produire à cet endroit, entachant la sérénité des lieux. Des individus déplaisants, non gênés par la présence des agents de l'ordre, importunent les familles. Sur le long terme, si les gestionnaires du lieu ne se décident pas, le port de plaisance perdra son charme.