V ingt-trois prévenus étaient à la barre, dont deux anciens PDG du groupe CNAN, des cadres de la compagnie et le richissime Saoudien, Ghaith Rashad Pharaon, actionnaire d'une filiale de la CNAN et de la cimenterie de Beni Saf, qui a brillé par son absence à l'audience… Hier, l'audience du pôle pénal de Sidi M'hamed près la cour d'Alger, a connu une effervescence particulière. La salle était archicomble, dès 9h30. Le détenu, Ali Boumbar, ancien PDG de la CNAN, n'était toujours pas arrivé, suscitant une attente de près d'une heure. C'est le seul prévenu en détention provisoire parmi les 21 cadres de l'entreprise poursuivis pour, entre autres, «association de malfaiteurs», «dilapidation de deniers publics» et «négligence». A noter Ali Koudil, son prédécesseur à la tête de la compagnie, qui avait été condamné pour l'affaire du naufrage de deux navires au port d'Alger, avec à leur bord 18 marins, mais aussi de nombreux cadres dirigeants notamment de filiales du groupe CNAN, ainsi que le Saoudien, Ghaith Rashad Pharaon, qui avait défrayé la chronique il y a un peu plus d'une année, lorsqu'il avait saisi des navires du groupe CNAN, à l'étranger, en prenant en otage le personnel navigant, avant de réclamer le paiement de factures, que beaucoup jugent complaisantes, pour ne pas dire fictives. Saisie de navires CNAà l'étranger Cet homme d'affaires, faut-il le rappeler, est à la tête d'un groupe, qui avait acheté 35% des parts de la cimenterie de Beni Saf, à l'ouest du pays, mais aussi 49% des actions de la filiale du groupe CNAN, IBC (International Bulk Carriers). C'est cette transaction qui a retenu l'attention de la justice. Il s'agit en fait d'une joint-venture qui a permis, à Pharaon, d'exploiter sept navires de la filiale, Aïn Témouchent, El Hadjar, Nedroma, Nememcha, Blida, Djebel Ksel et Djebel Rafaâ. Dès la signature de l'accord, Pharaon a créé une nouvelle société, Leedarwo, avec un capital ne dépassant pas les 1000 dollars, pour sous-traiter l'affrètement des navires à la charge d'IBC, et dont il est actionnaire. Profitant d'un marché à la hausse, Leedarwo gagne une fortune, mais IBC ne reçoit que des miettes. L'enquête ouverte au niveau du pôle pénal s'est attardée sur ces graves dérives, et pour lesquelles de nombreux cadres dirigeants de la CNAN et de la filiale IBC ont été poursuivis en 2012. Beaucoup d'absents au procès Vingt-trois d'entre eux ont été inculpés, avant que la chambre d'accusation ne décide d'un non-lieu au profit de 12 d'entre eux, appelés à comparaître en tant que témoins. Hier, ni Ghaith Pharaon ni Mohamed Tahar Djoudi n'ont répondu présents à l'appel du juge, tout comme la majorité des témoins. Dès l'ouverture de l'audience, un des avocats a demandé le renvoi du procès, en raison de l'état de santé d'un de ses confrères constitué. «De grâce, ne me parlez pas de renvoi. J'ai renvoyé des affaires pour examiner celle-ci, et en venant, je priais Dieu pour que vous ne demandiez pas l'ajournement. Pourquoi me faites- vous çà ?», lance le magistrat à l'avocat. Un autre défenseur a demandé au juge la convocation du rédacteur du rapport de l'IGF. «Nous avions exigé son audition au juge d'instruction et ce dernier a refusé, mais la chambre d'accusation l'a sommé de le faire. Aujourd'hui, nous voulons qu'il soit présent, parce que le rapport qu'il a établi est très important pour le dossier», dit-il. Très contrarié, le juge prononce le renvoi de l'affaire au 29 avril.