La Casbah d'Alger reste et restera certainement pour les générations futures un problème d'actualité. Elle ne s'efface pas avec sa vieillesse, sinon avec le génie de ceux qui se sont dépêchés à son chevet pour lui appliquer un remède sans résultat. Dans le cadre du Plan permanent de sauvegarde, on a décidé d'agir en deux phases, consistant d'abord en un plan d'urgence, avant d'intervenir sur le plan restauration pour sauver ce site historique mondial, classé, faut-il rappeler, il y a 23 années dans les tablettes de l'Unesco. Après plus de deux décades, les choses ne semblent pas pour autant évoluer. La première phase lancée autour des travaux dits de confortement menée, à coups de milliards, depuis fin 2009, consistait à étayer les bâtisses «ébranlées», par la mise en place de tonnes de madriers enduits d'antirouille. Résultat ? Six ans plus tard, le quidam peut toujours «admirer» cet enchevêtrement de charpente qui fait corps avec le dédale de l'ancienne médina. Cela n'a pas empêché aussi que cet étaiement cède par endroits. C'est ce que l'on appelle «l'architecture des maîtres charpentiers», à défaut des maîtres architectes es-restauration. Quant à la seconde phase, elle est en dormance, car les chantiers sont loin d'être achevés. Un survol sur une partie de ce patrimoine nous renseigne sur son état. A titre illustratif, le musée Dar Khdaouedj el Amia (Musée national des arts et traditions populaires), sis à Souk El Djemaâ (Soucgemah) dont des façades intérieures et extérieures sont confortées avec non seulement du bois, mais aussi des rails en fer, sans compter les combles dont les travaux sont en stand-by depuis plusieurs années. D'autres chantiers font du surplace : il s'agit de l'école Ahmed Hammouche (ex-école Charlemagne), sise rue Hadj Omar, le palais Hassan Pacha – jouxtant la mosquée Ketchaoua – dont les travaux sont à l'arrêt depuis des lustres, ou encore le palais Mustapha Pacha, soutenu par des madriers visibles au sous-sol. Aussi, l'îlot Malakoff à l'angle de la rue Bab El Oued et de la rue du Vieux palais voit une partie de ses immeubles menacer ruine et ses locataires restent exposés à un éventuel danger. Un autre édifice, celui de Dar Aziza, qui abrite l'OGBEC, peine à colmater les infiltrations des eaux de pluie ruisselant des 1er et 2e niveaux. Quant à la citadelle ou Dar Essoltane, bien que le site ait été libéré il y a plus d'une trentaine d'années, l'opération réhabilitation évolue à pas comptés pour ne pas dire reste «clouée» dans le temps. Motus et bouche cousue, point d'informations quant à l'évolution du chantier : Palais des aghas, Palais du dey, Mosquée du Dey, Palais des Beys, Poudrière, Casemates des janissaires, une partie de la rampe des Zouaves sont autant de modules loin d'être livrés dans les temps impartis. Le BET polonais PKZ semble avoir levé le pied et les nombreux BET nationaux restent figés. Enfin, nombre d'entreprises qui ont intervenu lors de la première phase dans certaines douérate ont pris la tangente, abandonnant les bâtisses à leur triste sort.