Pour une Révolution à l'histoire aussi riche en événements que celle menée par les Algériens et qui a marqué l'actualité dans le monde entre 1954 et 1962, les interminables commémorations des anniversaires du 1er Novembre 1954 et du 5 Juillet 1962 demeurent les faits marquants des émissions philatéliques depuis l'indépendance à nos jours. Une longue série qui ne reflète guère la vraie portée de cette Révolution, ni ses faits marquants, ni les hommes et femmes qui y ont laissé leurs traces. Ainsi, en 38 émissions parues depuis le 1er novembre 1962 à nos jours, soit 44 timbres et 7 blocs feuillets, les commémorations sont les plus dominantes, dont 50% ont été réservées au 1er Novembre 1954 et au 5 Juillet 1962. Dans le peu d'émissions qui reste, l'on a célébré le congrès de la Soummam, la Journée du moudjahid, le 11 décembre 1960, les manifestations de 1962 à Ouargla, les massacres deSakiet Sidi Youcef, le 19 Mars 1962, la Journée de l'étudiant et les événements du 17 octobre 1961. Le tout est sujet à commémoration, et à outrance. Il a fallu attendre l'année 2004, date du 50e anniversaire de la révolution, pour voir enfin l'émission d'un timbre à l'effigie des six personnalités historiques, illustrant la fameuse photo prise juste avant le déclenchement de la Révolution. Une première dans l'histoire de la philatélie algérienne, car il était inconcevable avant de voir sur des timbres-poste des illustrations de Boudiaf, Benboulaïd, Didouche, Benmhidi, Krim et Bitat. Cette émission a été précédée par celle parue le 19 septembre 1998 consacrée au 40e anniversaire du GPRA, illustrant la photo de la première composante de ce gouvernement. Un tabou semble être brisé, puisque dix ans plus tard (19/9/2008) est parue une émission à l'effigie de Abbes Ferhat, premier président du GPRA, suivie d'une autre le 19/9/2010 consacrée à Benyoucef Benkhedda, le 2e président du GPRA. Mais cela demeure encore insuffisant. Après 53 ans d'émissions philatéliques, des hommes comme Zighoud Youcef, Souidani Boudjemaâ, Benabdelmalek Ramdane, Amirouche, Si El Haoues, Abane Ramdane et tant d'autres méritent bien d'être timbrifiés pour l'histoire, comme aussi les victimes de la guillotine qui demeurent encore occultées, aussi bien que des femmes comme Hassiba Benbouali, Malika Gaïd, Fadila Saâdane, Meriem Bouatoura, Raymonde Peshard et autres, ainsi que les héros des batailles d'Alger et de Constantine, et d'autres batailles menées au maquis, sans oublier des hommages aux Français qui ont combattu et soutenu le peuple algérien dans cette guerre. Un devoir de mémoire qui s'impose et qui interpelle une sortie du carcan des commémorations, dont certaines frisent franchement le ridicule. L'on citera à ce titre le «must» de toutes les émissions consacrées aux événements historiques de 1954 à 1962, et qui a été sans conteste le dernier «joyau» commémoratif émis le 1er novembre 2014 à l'occasion du 60e anniversaire de la Révolution. Portant la signature du ministère des Moudjahidine, le timbre en question est illustré par un logo plagié sur celui adopté en 2007 par une université thaïlandaise pour fêter le 60e anniversaire de sa faculté de médecine. Un fait facile à vérifier grâce à cette merveilleuse invention appelée internet.