Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique prend acte avec « satisfaction » de la levée récente du contrôle judiciaire concernant le syndicaliste du Cnes, Farid Cherbal, en soulignant toutefois que « l'activité syndicale ne doit pas sortir du cadre tel que réglementé par la loi ». « Nous approuvons toute démarche qui tend à l'apaisement, et le ministère continuera à œuvrer dans ce sens avec l'ensemble des partenaires sociaux légalement mandatés par leur base », nous a indiqué, hier, une source responsable du département de Rachid Harraoubia. La même source tient à signaler que le cas des syndicalistes poursuivis en justice a été discuté lors d'une rencontre, qui a regroupé la tutelle et cinq syndicats du 22 au 27 juillet 2006 à Skikda. Ces assises ont regroupé le Cnes (syndicat des enseignants du supérieur), le Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales, le Syndicat des maîtres-assistants en sciences médicales, le Syndicat des chercheurs permanents et l'Association nationale des professeurs et maîtres de conférences. Une rencontre qui a abouti, entre autres questions concernant le secteur, au retrait des plaintes (par le ministère) concernant trois syndicalistes du Cnes, à savoir Farid Cherbal, Ali Mechab et Khaled Bessila. « Le ministre a ainsi répondu favorablement à une requête du secrétariat national du Cnes ; mais il faut savoir que l'extinction des poursuites contre les syndicalistes en question relève du pouvoir exclusif de la justice », ajoute-t-on au ministère de l'Enseignement supérieur. En effet, les trois coordinateurs régionaux du Cnes que la tutelle avait assignés en justice pour appel à une « grève illégale » devront répondre devant le juge sans avoir à se pointer chaque semaine au parquet. Rappelons que le contrôle judiciaire auquel a été soumis Farid Cherbal depuis le 28 mai 2006 a été levé le 27 août . Toutefois, il est tenu de se présenter aujourd'hui devant le juge à 14 h au tribunal d'El Harrach. « Les poursuites judiciaires restent encore en cours et nous espérons que le juge annoncera une ordonnance de non-lieu », a commenté à ce sujet un syndicaliste, membre de la section Cnes de l'USTHB. Cette section fait partie de 18 autres à travers le territoire national qui ont appelé à une grève à partir du 13 mai 2006 en dépit d'une décision en référé rendant celle-ci « illégale ». Néanmoins, le mouvement, bien que partiel, a abouti au blocage d'examens de pas moins de 200 000 étudiants. La coordination nationale du Cnes, qui désapprouve la démarche des frondeurs « par respect à la justice », estime qu'il est temps de « détendre l'atmosphère ». Pour ce faire, elle propose de réunir la « famille au complet » (entendre aussi les grévistes) à participer à l'université d'été du Cnes qui sera inaugurée le 2 septembre au centre de la Munatec à Tipaza. « Nous invitons nos camarades à venir discuter et poser toutes les questions qu'ils jugent utiles », a déclaré, hier, à El Watan, Ali Boukaroura, coordinateur national du Cnes. Et d'ajouter que la levée du contrôle judiciaire des syndicalistes « n'est pas suffisante ». « C'est un pas positif, mais nous n'allons pas cesser de demander l'extinction des poursuites. » La coordination nationale du Cnes réitère cependant ses revendications, notamment la question du statut particulier de l'enseignant et du chercheur et une revalorisation salariale « digne » d'un enseignant d'université. « Ces revendications sont posées depuis 1997, depuis que Amar Tou était à la tête du secteur et qui, solennellement, nous avait promis que tout allait s'arranger dans les mois qui suivraient. Dix ans après, nous ne voyons rien venir », se plaint la coordination nationale Cnes, non sans menacer de reprendre le « terrain de la contestation » si rien n'est fait d'ici novembre 2006. Le ministère de l'Enseignement supérieur affiche en tout cas une attitude qui participe, selon les observateurs, à « dégoupiller la crise ». En témoigne la décision émanant du comité mixte (tutelle-syndicats) de remettre « très prochainement » la mouture du futur statut particulier « au comité interministériel », chargé d'étudier les statuts sectoriels. « Notre projet de statut sera très probablement le premier à être remis au comité », se félicite-t-on au département de Rachid Harraoubia.