L'informel-tous secteurs confondus-est devenu à Souk-Ahras synonyme d'une vérité générale à laquelle on trouverait, volontiers, plusieurs alibis. La rue Victor Hugo, une artère commerçante de la ville de Souk-Ahras, est totalement abandonnée par les autorités concernés notamment l'APC. On y a squatté depuis belle lurette les trottoirs et la chaussée pour y installer des étals de fortune. S'il arrive aux piétons solitaires de réussir à se frayer un chemin au milieu des foules compactes de vendeurs, il n'en est pas ainsi pour les familles et les véhicules. «Il est quasiment impossible d'y aller pendant les moments de grande affluence; le nombre impressionnant des ballots de fripes, les milliers de chaussures étalés à même le sol, les stands de fortune improvisés par les revendeurs des objets volés… rendent l'accès extrêmement difficile», s'en plaint un citoyen lambda. Ces marchands informels sont incontestablement maitres des lieux et même les propriétaires des magasins qui s'acquittent de leurs redevances et payent régulièrement leurs impôts négocient timidement leur respect auprès de ces groupes composés essentiellement de marginaux qui s'adonnent à des activités parallèles. Certains parmi eux ont trouvé mieux. « Devant l'impossibilité de les déloger et de libérer les vitrines, on procède parfois à un deal : on aménage une partie de la façade pour ensuite la louer à raison de 6000 DA/mois au profit des vendeurs encombrants», a révélé un propriétaire d'un commerce d'effets vestimentaires. Karim. B, un habitant de cette rue n'y voit qu'un fief de la plèbe locale. «On y trouve de tout dans ce beau monde qui débarque des quatre coins de la wilaya pour exercer, en apparence, une activité commerciale. La réalité et tout autre», a-t-il insinué tout en nous orientant vers un groupe de gens d'un certain âge. «Ici tout se vend et tout s'achète sauf ce que vous voyez étalé et qui est destiné aux recrues de dernière zone. On y vend le gros des psychotropes, on y recommande des rendez vous avec les sénateurs et les députés, on y parle justice, on y traite des marchés publics, entre autres», reconnait S. Ammar qui estime que la liste est loin d'être exhaustive. Et dire que c'était l'une des rues les moins encombrées, il y a seulement quelques années. A. Djafri