Radio Soummam, qui émet à partir de Béjaïa, a eu dix ans pile le 19 août. Une décennie qui boucle un parcours particulier pour une station qui a repris de la voix sur ses cendres lorsque des jeunes émeutiers y ont mis le feu en cette trouble année de 2001 pour marquer leur révolte quant au « décalage » entre les programmes et la réalité socioculturelle de la région. Le souvenir d'avoir été mise sous silence quelques mois durant est plus ou moins lointain. Les bougies que l'on a soufflées, le 19 août dernier, ont rallumées les flammes du défi. « Le tir a été rectifié, les enseignements tirés. La radio a pu reprendre sa place dans la société. Aujourd'hui, nous sommes fiers d'être la première source d'information de la région. » Les propos de Khaled Akchout, directeur de la station, sont empreints d'autosatisfaction. Anniversaire sur FM 88.7 et 90.9. A sa naissance, le lundi 19 août 1996, Radio Soummam a pris ses quartiers dans l'ex-siège du musée Gazaubon. Un siège « provisoire » qui l'abrite encore à ce jour, sur une rue qui se vide et « coincée » dans une bâtisse coloniale au-dessous de la place ex-Gueydon, « par-dessus laquelle beaucoup de suicides ont eu lieu ». C'est le « repère » qu'a trouvé cette responsable de la radio nationale pour situer les lieux pour le ministre de la Communication qui y a fait une virée. L'emplacement met la station comme dans une situation de bouderie à moitié inutile tant elle est noyée dans une cuve et prisonnière d'obstacles naturels qui ne lui permettent pas d'effectuer des directs dans les règles de la profession, du moins pour le côté nord de la ville. Ceux faits jusque-là le sont via une ligne téléphonique qui limite les directs dans l'espace, le journaliste ne pouvant se permettre des déplacements avec micro. On le vérifiera ce 30 août à l'occasion de la couverture du gala de Chérif Kheddam au stade de l'Unité maghrébine. Face à cette contrainte, le véhicule (VHF) qui permet des directs est à faire tourner hebdomadairement pour rompre son immobilisme. La station se confinant dans son rôle de producteur, le TDA est attendu sur le volet diffusion dont les insuffisances font « bégayer » la radio quand ils ne lui coupent pas la « langue » dans les zones d'ombre. Lorsque le signal a été donné pour la première fois, Radio Soummam occupait l'antenne pour un programme de 4 heures, doublé deux ans plus tard et triplé le 5 juillet 2003. Avant la fin 2007, le volume horaire devra passer à au moins 16 heures et cela suggère un renforcement des moyens. En 2003, Radio Soummam a conduit l'expérience de la numérisation des radios régionales dont certaines sont passées devant. Pour l'achèvement de l'opération, elle attend encore devoir disposer des deux consoles numériques qui lui manquent. Du petit personnel au démarrage, la station a vu grandir sa famille pour comprendre actuellement une trentaine de personnes dont 7 techniciens, 9 journalistes et un réseau de collaborateurs. Un personnel assurant un programme réaménagé pour cet été. « Nous avons mis le paquet sur la tranche matinale où il y a un plus grand audimat », nous dit M. Akchout qui est à Radio Soummam depuis près de 14 mois. Quelle part pour la langue kabyle dans les programmes qui sont essentiellement destinés à une population kabylophone ? « Le problème de la langue ne se pose pas, nous sommes une radio bilingue », nous répond-il. Des duplex ont eu lieu avec les radios El Bahia, El Hodna, Beni Choukrane... Sur ses tablettes, il y est prévu de doter la station d'un site Internet d'ici à la fin de l'année et d'instaurer le forum de la Soummam après le Ramadhan. Un rendez-vous bimensuel politique, économique et culturel de « libre expression ». Entre autres priorités pour M. Akchout, « laisser les portes de la radio ouvertes aux concitoyennes et concitoyens et aux hommes et femmes de la presse ». En somme, ce sont autant d'espace à (re)conquérir avant que la grande course à l'audimat ne soit lancée.