A entendre le chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Unismil), Bernardino Leon, la crise libyenne est sur le point de connaître son épilogue. Très sûr de lui, il s'est dit persuadé, hier à Alger, à l'ouverture du second round du dialogue interlibyen, que les Libyens étaient proches d'une solution politique. «Je remercie l'appui, la coordination et la coopération intense et précieuse de l'Algérie sans laquelle ce processus de paix n'aurait pas pu arriver à ce stade, car nous pensons être près d'une solution politique pour la Libye», a indiqué le diplomate onusien. L'optimisme de la déclaration de Bernardino Leon a beaucoup surpris les observateurs surtout que, sur le terrain, les combats entre les partisans de Fajr Libya et les unités de l'armée restées fidèles au gouvernement de Tobrouk font toujours rage. Pour le moment, rien n'indique en effet que les parties en conflit sont sur le point de conclure un accord de cessez-le-feu ou de s'entendre sur la composition d'un gouvernement d'unité nationale. Pas plus tard que vendredi dernier, une dizaine de soldats ont été tués et plus de 40 autres blessés lors d'affrontement entre les forces pro-gouvernementales (miliciens et soldats) et les éléments de la coalition de Fajr Libya à Benghazi, la deuxième plus grande ville en Libye. Les combats ont eu lieu dans les environs de Hawari dans le sud de Benghazi, les pro-gouvernementaux cherchant à reprendre du terrain et avancer vers Tripoli. Haftar à la recherche d'armes Le chef de l'état-major de l'armée libyenne (du gouvernement), le général Khalifa Haftar, lui aussi ne semble pas croire encore à la paix. Une preuve ? En visite hier à Amman, il a multiplié les contacts pour obtenir des armes pour ses troupes malgré un embargo de l'ONU. A l'heure actuelle, personne ne sait si sa visite en Jordanie a été fructueuse. En revanche, ce que la presse sait c'est que le roi Abdallah II lui a promis que la Jordanie allait se tenir «au côté de la Libye dans ses efforts pour rétablir sa sécurité et dans sa lutte contre les djihadistes». Malgré cette nouvelle flambée de violence, le chef de la l'Unismil reste néanmoins confiant et croit dur comme fer qu'il peut faire sortir la Libye de la guerre. Et sa confiance repose notamment sur le fait que c'est la première fois que les représentants des principaux groupes politiques ont accepté de s'asseoir à une même table pour discuter d'un projet d'accord de paix final. Bernardino Leon part aussi avec l'avantage d'avoir le soutien de la majorité des grandes puissances. Les Etats-Unis et cinq pays européens ont d'ailleurs appelé avec véhémence cette semaine à un cessez-le-feu «immédiat» en Libye. Mettre les milices au pas Pour le moment, cet appel n'a pas été entendu. Ce constat fait dire à beaucoup d'observateurs que le plus dur ne sera pas de persuader les acteurs politiques libyens présents à Alger de s'entendre sur un gouvernement d'union mais plutôt d'amener les chefs des nombreuses milices armées présentes sur le terrain (et qui aujourd'hui font la pluie et le beau temps en Libye) à se mettre en phase avec les décisions prises dans le cadre du dialogue interlibyen sponsorisé par l'ONU. Alger a, rappelle-t-on, déjà abrité les 10 et 11 mars dernier dans le cadre de ce dialogue une première réunion entre les leaders politiques libyens. A cette occasion, les participants avaient rejeté toute forme d'ingérence étrangère et pris l'engagement de trouver une solution politique à la crise pour préserver la souveraineté de la Libye, son unité nationale et son intégrité territoriale. Ils avaient aussi condamné les groupes terroristes en Libye, notamment l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI), Ançar Charia et Al Qaîda. Ce qui est déjà une importante avancée. Les travaux de ce second round du dialogue interlibyen, qui concernent toujours les dirigeants des partis et des militants politiques, se sont déroulés cette fois à huis clos.