L'Accord d'association avec l'Union européenne n'a pas produit tous ses effets au bénéfice de l'économie algérienne.» L'aveu, qui n'est pas à proprement parler une surprise pour qui suit l'application des clauses de cet accord sur le terrain, est du ministre des Affaires étrangères,Ramtane Lamamra, qui s'exprimait lundi à Barcelone devant les journalistes en marge de la conférence ministérielle informelle sur la Politique européenne de voisinage (PEV). Avec cet accord mis en œuvre en 2005, l'Algérie n'a, en vérité, jamais trouvé ses marques. Chemin faisant, on prenait de plus en plus conscience que l'économie algérienne n'était pas encore prête pour sauter ce pas qualitatif qui devait lui permettre de s'intégrer dans l'économie européenne. De l'avis de nombreux analystes, pour le pouvoir algérien, l'accord qui intervenait dans une conjoncture interne particulière ne valait que par les dividendes politiques qu'il offrait aux dirigeants algériens en mal de légitimité et de soutiens extérieurs. D'ailleurs, on se rendit compte très tôt, dès les premières années de la mise en œuvre de l'accord, que son contenu était irréaliste et irréalisable et mènerait l'économie algérienne droit dans le mur. Dans deux ans, c'est-à-dire demain, l'Algérie, qui a obtenu à la suite d'âpres négociations un sursis jusqu'en 2017 pour la création de la zone de libre-échange algéro-européenne, sera-t-elle cette fois-ci mieux outillée pour faire face à ses obligations contractuelles avec l'UE ? Peu sûr. Au fil des années, cet accord présente tous les signes d'un mariage forcé. Côté algérien, il y a comme une pudeur, voire un embarras à communiquer sur ce dossier. Quelles sont, concrètement, les réserves formulées par l'Algérie ? Et que compte-t-on faire pour redresser la situation dans ce partenariat censé être gagnant-gagnant dont ni l'économie ni le consommateur algériens ne tirent profit ? On n'en sait pas grand-chose, en dehors des petites phrases et des déclarations politiques lâchées presque en s'excusant par nos responsables. Peut-on faire grief aux Européens d'avoir négocié à leur avantage cet accord ? S'il y a des comptes à exiger pour ce rendez-vous raté avec la prospérité partagée qui est le leitmotiv de l'Accord d'association et dont on n'entrevoit pas encore le moindre signe positif dans la vie de nos entreprises, c'est à nos responsables qu'il faudra les demander. Il y a comme une gêne, voire une crainte à reconnaître, comme le soutiennent de nombreux experts, que le contenu de l'accord a été à l'origine mal négocié. Ce faux départ aurait pu, de l'avis des mêmes experts, sinon être rattrapé, du moins limiter ses effets pervers sur l'économie nationale, si on avait su utiliser à notre profit tous les mécanismes de régulation qu'offre l'Accord d'association pour protéger notre économie, tels les mesures anti-dumping, les droits de douane compensatoires, les mesures de sauvegarde pour réduire les importations en cas de menace sur une branche de production… Par ailleurs, les réformes économiques nécessaires à la mise à niveau de nos entreprises et de notre agriculture pour les rendre compétitives en vue de pénétrer les marchés européens n'ont pas été au rendez-vous pour accompagner l'accord. C'est dire que, quelque part, l'échec était programmé. Pour l'Algérie, la marge de manœuvre apparaît aujourd'hui bien étroite pour remettre le train sur les rails.