“L'Algérie est en train de franchir une étape importante. Elle a pris la décision de conclure prochainement un plan d'action de voisinage (avec l'Union européenne)". Ces propos ont été tenus, hier, à Alger, par Erwan Lannon, professeur de droit à l'Institut européen de Bruges (Belgique). Invité par l'Institut national des études stratégiques globales (Inesg) pour animer une rencontre-débat sur “les avantages et les inconvénients pour un pays méditerranéen d'adhérer à la politique européenne de voisinage (PEV)", à l'hôtel Hilton, ce dernier a beaucoup insisté sur les négociations de ce plan entre les deux parties, en mettant en avant “l'implication véritable" non seulement de l'Etat algérien, mais aussi de la société civile, au plan d'action devant fixer les contours de la mise en œuvre de l'adhésion de notre pays à la PEV. Le juriste a en outre souligné “l'importance de la spécificité de l'économie algérienne" qui, selon lui, sera prise en compte au cours des pourparlers. “L'Algérie a de nombreuses spécificités, contrairement à ses voisins, la Tunisie et le Maroc", a déclaré M. Lannon, en se référant notamment à l'existence des “ressources énergétiques". La politique européenne de voisinage a été initiée en 2004. Elle s'adresse aujourd'hui aux pays de l'Europe orientale et de la Méditerranée, c'est-à-dire “du Maghreb à la Russie". Actuellement, elle concerne 16 pays, dont le Maroc et la Tunisie. D'après l'invité de l'Inesg, la PEV est à la fois “une politique bilatérale" et “multilatérale", dont l'approche est “en train d'être rationnalisée". Celui-ci a rappelé qu'avec les événements qui ont éclaté, en Tunisie, en décembre 2010, et qui ont enfanté un Printemps arabe, les instances européennes “ont dû revoir leur copie de PEV". “Dans la nouvelle approche de la PEV, on revient aux valeurs universelles, contenues dans le processus de Barcelone", a dévoilé Erwan Lannon. Non sans préciser la nécessité de l'avènement d'une “démocratie solide et durable" dans le pays partenaire à l'UE. Dans ce cadre, dira-t-il, cinq critères ont été identifiés, à savoir : des élections libres et régulières, la liberté d'association et la liberté de la presse, une administration au service de l'Etat de droit, à la lutte contre la corruption et la réforme du secteur de la sécurité. Pour le cas de l'Algérie, il a estimé que “les plus-values potentielles" se situent surtout au niveau de l'assistance technique (renforcement de la mise à niveau), la formation, l'association aux agences européennes (une quinzaine en tout) et l'acquisition d'un “statut avancé de partenariat privilégié". “Ce statut avancé est une feuille de route qui peut conduire à un nouvel accord dit de voisinage", a expliqué le professeur de droit. Pour ce dernier, l'insertion de l'Algérie à la PEV “lui permettra d'avoir une place qui correspond mieux à son statut de partenaire stratégique de l'UE". De plus, ajoutera-t-il, “l'Algérie a un rôle à jouer avec le retour de l'esprit du processus de Barcelone". Signataire d'un accord d'association avec l'UE en 2002, l'Algérie n'a toujours pas adhéré à la PEV, parce qu'elle la juge encore “contraignante". À la fin de l'année 2011, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a annoncé que l'Etat algérien a accepté d'entrer en “discussion exploratoire" avec l'UE sur la PEV, en signalant que “la décision sera prise au terme de ces discussions". H A