Le Conseil national de l'enseignement supérieur (CNES) tiendra, aujourd'hui, sa première université d'été à Tipaza. A lire la carte d'invitation, le Syndicat des enseignants du supérieur entend brasser large en décidant d'inviter l'ensemble des partenaires sociaux du département de Rachid Harraoubia. Les partis politiques n'étant pas omis, voire figurant au chapitre des intervenants lors de la séance inaugurale, sont, en l'occurrence, le FLN, le RND, le MSP, le FFS, le RCD, le FNA et AHD 54. La liste ne fait pas ressortir, cependant, le nom du Parti des travailleurs ni de celui de l'UGTA qui, pourtant, se sont prononcés à maintes occasions sur l'état actuel de l'université algérienne. Les organisateurs insistent toutefois sur l'aspect « purement informel » de ces assises qui interviennent à la veille de la rentrée universitaire. Il est question de réunir la « grande famille » du CNES, pour paraphraser le coordinateur national, Ali Boukaroura. Ce dernier vient de lancer un appel solennel à l'« aile gréviste » du CNES, lui proposant de prendre part à la rencontre et d'étaler ses points de vue « en toute liberté ». Depuis l'enclenchement de la grève, le 13 mai 2006, par 19 sections CNES, la direction du syndicat (qui désapprouve le mouvement suite à une décision de justice) et les enseignants grévistes n'ont pas jugé utile de se rencontrer, sauf pour se renvoyer la balle, chaque partie accusant l'autre de prendre en otage l'université. Les dernières déclarations des uns et des autres tendent cependant vers la « détente » d'autant plus que les « coordinations » grévistes vont déléguer deux syndicalistes à Tipaza. « Nous avons répondu favorablement à l'invitation », se contente de dire un syndicaliste de l'USTHB, principal bastion de la contestation. Notre interlocuteur préfère ne pas en dire plus, comme pour signifier que le mouvement n'est pas contre une sortie de crise. Cette université d'été intervient au lendemain d'une déclaration faite par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à El Watan du 29 août 2006, dont le ton est jugé, par les observateurs, « moins offensif que par le passé » envers les grévistes. Parmi les mesures prises par le ministère, citons le retrait des plaintes contre 3 syndicalistes et la volonté de Harraoubia de répondre à l'une des principales doléances du Cnes, à savoir le statut particulier de l'enseignant et du chercheur. Pour les grévistes, il s'agit là d'un pas important « mais le plus important reste l'application sur le terrain ». Et de citer « certaines pratiques » qu'ils considèrent comme étant en décalage avec les déclarations « conciliantes » du ministère. « Le recteur de l'université de Béjaïa, Merabet Djoudi, persiste à poursuivre en justice sept de nos collègues, dont des délégués, confirmant ainsi son zèle particulier à harceler les enseignantes et les enseignants en grève. Les recteurs de l'université de Tiaret, Hadj Zoubir Nasr Eddine et de l'ENS de Bouzaréah, Henni Abdelkader, à contre-courant de tous les autres recteurs, ont délibérément refusé de payer le mois d'août (mois de congé annuel) en violation des lois régissant la relation de travail », indiquent-ils dans une déclaration remise, hier, à notre rédaction.