Les praticiens de santé publique ont crié, hier, leur colère face à la «situation de léthargie» qui caractérise leur profession depuis plusieurs années, avec l'apparition des premiers dysfonctionnements du statut régissant ce secteur. Une journée de grève a été organisée hier par le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), pour dénoncer justement ces dysfonctionnements et réclamer la réparation des préjudices. Cette situation a été dénoncée depuis 2008, et ce, à travers plusieurs mouvements de protestation. «Aujourd'hui encore, nous n'arrivons pas à nous faire entendre. Nous subissons des injustices dénoncées haut et fort, mais aucun signe n'émerge de la part de la tutelle», dénonce un groupe de médecins, prenant part, hier, au rassemblement organisé au CHU Mustapha d'Alger. Des sit-in ont été tenus au même moment devant les directions de santé à travers le pays. Par «injustices», les médecins entendent des écueils qui se dressent devant ces professionnels de la santé, les pénalisant dans la progression dans leur carrière. Le passage d'un grade à un autre est conditionné par un concours, alors que pour les autres corporations du secteur, les fonctionnaires bénéficient de cette promotion tous les cinq ou dix ans (selon le grade convoité). C'est «une aberration» pour les syndicalistes qui étaient nombreux à venir montrer leur solidarité au SNPSP qui réclame la mise en application de l'instruction n°968, publiée en septembre 2014, portant intégration au grade principal pour les praticiens ayant cumulé 10 ans d'exercice, effectif au 31 décembre 2012, c'est-à-dire sans concours. L'annonce de la tenue dudit concours par le ministère de la Santé a suscité la colère des syndicalistes, qui y voient «une provocation». «Que cherche la tutelle en annonçant un concours alors qu'un préavis de grève est en cours», s'interrogent les protestataires. Les pharmaciens, dentistes et médecins généralistes exerçant dans le public ont été nombreux à prendre part à ce mouvement de protestation. Au niveau de plusieurs établissements de santé publique, polycliniques et hôpitaux de la capitale, les blouses blanches étaient ornées de brassards «en grève» «plutôt symbolique», précisent les grévistes. A la polyclinique de Pins maritimes, les médecins ont été à leur poste. «Nous sommes en grève, mais si un cas grave ou une urgence se présentent, nous les prenons en charge», affirme un jeune médecin. «Nous voulons juste attirer l'attention sur notre situation, nous ne voulons pas pénaliser les patients», explique un autre médecin à la clinique Bouchenafa, où les urgences ont été prises en charge. Le SNPSP appelle à la révision du statut particulier des travailleurs de la santé publique, notamment pour ce qui est des volets liés au régime indemnitaires. «Est-il normal, selon vous, que le salaire d'un bac+7 soit inférieur à 50 000 DA ?» clame un protestataire. La révision du statut de ce secteur implique, selon le syndicat, la prise en charge «concrète» du dossier de l'alignement du doctorat de médecine dentaire et de pharmacie, avec classification sur la grille des salaires des fonctionnaires. Concernant le débrayage d'hier, le SNPSP se félicite d'un suivi national de 75%. «Nous avons enregistré une adhésion massive à notre appel à la grève. Nous venons de prouver que le SNPSP est une force de mobilisation», soutient Lyès Merabet, président du syndicat, qui dénonce par la même occasion «les manœuvres de déstabilisation tentées par le ministère». Le syndicat donne rendez-vous pour deux journées de grève pour les 5 et 6 mai prochain, suivies d'un rassemblement devant le ministère de la Santé à Alger.