La Cour de justice de Biskra a abrité, jeudi dernier, une journée d'étude sur «La communication et le monde judiciaire» à laquelle ont pris part des magistrats, des professeurs et des enseignants au département de droit de l'université Mohamed Khider (UMK) et un panel de journalistes et de correspondants de la presse locale. Des experts en droit et en législation ont abordé les thèmes du rôle et de la relation de la cellule de communication de l'institution judiciaire avec les organes de presse, des articles de loi relatifs à la protection de la vie privée des individus, des notions liées au secret professionnel, aux enquêtes judiciaires et à l'instruction de toutes les affaires, de la présomption d'innocence, de la dénonciation calomnieuse et de la diffamation, telle que définies par les textes de l'ONU, des législations européennes de certains pays arabes et par la loi algérienne, de la responsabilité pénale dans les cas de délits de presse et des peines encourus suite à des actes et actions visant à influencer le cours d'un procès où remettre en cause une décision de justice. Après ces interventions de haute volée, un débat vif et passionné s'est ouvert entre les participants à cette rencontre qui s'est avérée des plus instructives. Les journalistes présents ont expliqué aux magistrats les impératifs liés à l'exercice de leur métier, qui est d'informer les citoyens sur tous ce qui se passe, arrive et survient au niveau national et international, et cela en des temps records et que le traitement administratif de leur demande d'informations était un obstacle les poussant à avoir recours à d'autres sources pour pouvoir travailler et alimenter les rubriques de leurs organes de presse respectifs. «Cette journée d'étude vise à raffermir les relations entre le monde de la magistrature et celui de la presse. Il est nécessaire de trouver un juste équilibre entre le droit à l'information et à l'expression libre et le droit des individus au respect de leur vie privée et les impératifs liés aux procédures judiciaires et au travail des juges et magistrats. Journalistes et magistrats travaillent pour un même but ; préserver le pays de toutes déliquescences et corruption», a souligné Lagha Belgacem, président de la Cour de Biskra qui a exhorté les gens de la presse à se rapprocher de l'institution judiciaire, afin d'y recueillir des informations fiables et avérées. Belaâtra Abdelkader, procureur général prés la cour de Biskra a, quant à lui, insisté pour que «Presse et justice entretiennent des relations apaisées et de confiance pour le bien du pays, de la liberté d'expression et de tous les justiciables ayant des droits trop souvent bafoués par des organes de presse qui se substituent aux magistrats.» A l'issue de cette rencontre, une commission constituée de deux juristes et deux journalistes a concocté une série de recommandations qui seront transmises au ministère de la Justice. Celles-ci portent essentiellement sur la nécessité de jeter des ponts durables entre les tribunaux de justice et le monde journalistique, d'activer la cellule de communication de la Cour de justice, afin de faciliter le travail des journalistes, d'ancrer et de diffuser une culture légaliste à travers des sessions de formation au profit des journalistes et des correspondants de presse, de l'élaboration d'une revue ou d'un guide qui contiendrait l'organigramme administratif et procédural du système judiciaire national et d'installer au plus vite le Conseil de déontologie et d'éthique de la presse qui serait « le premier garant du respect de la vie privée des individus et de la présomption d'innocence à laquelle ont droit tous les justiciables.»