Durant trois soirs successifs, à partir de ce jeudi, la pièce théâtrale Jugurtha, sera présentée sur les planches du TR Constantine et pour la première fois d'après le texte du défunt Abderrahmane Madoui. «C'est un hommage rendu à cet auteur dramaturge mort dans l'anonymat total», a déclaré, lors d'une conférence de presse tenue, hier, par le scénographe et non moins président de l'association «New théâtre» des Issers à Boumerdès, Abdelghani Chentouf. L'événement «Constantine, capitale de la culture arabe» aura au moins le mérite de donner l'opportunité à de rares troupes théâtrales, dont l'ambition n'est autre que de se produire selon les règles de l'art, de se faire connaitre. Et c'est le cas de celle venue des Issers, où elle a baigné dans la tradition théâtrale ancrée dans cette région de l'Algérois jusqu'à l'enracinement. Abdelghani Chentouf a plusieurs pièces dans son répertoire. Diplômé de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle (ISMAS) de Bordj El Kiffan en 2002, il a ouvert une école de théâtre et réussi entre 2006 et 2015 à monter pas mois de huit pièces en dépit de l'écueil financier. Il a une vision moderne et universelle et voit d'un œil critique l'état actuel du théâtre algérien. Il ne se positionne pas en pourfendeur mais estime que pour ne pas rater le coche de l'évolution, il est impératif de se professionnaliser. Et cela doit passer via la formation. «Le théâtre n'a pas de nationalité, il a par contre des bases et une méthodologie auxquelles doit se plier l'homme de théâtre», a-t-il expliqué son approche du 4e Art. Concernant cette pièce, elle sera portée par douze comédiens dont deux comédiennes. Jugurtha sera incarné par Ahmed Dahham, un comédien sorti de l'ISMAS et ayant à son actif quelques participations à des œuvres théâtrales et télévisuelles. La pièce sera jouée d'après le texte de Abderrahmane Madoui qui lui a valu l'exil par le colonisateur français en 1957. Les similitudes entre la fresque historique et la situation des algériens à cette époque, même si elles étaient très subtiles, n'ont pas échappé au colonisateur qui a mis sa chappe de plomb sur cette création et détruit les œuvres de Madoui. C'est après l'indépendance que ce dernier réussira à récupérer le texte de «Jugurtha» qui sera interprété uniquement à la Radio dans les années quatre-vingt. La trame de la pièce est d'une triple symbolique. L'oncle de Jugurtha renvoie aux Messalistes, les Romains au colonisateur français et Jugurtha au soulèvement révolutionnaire.