Même si elles représentent 3,03% des données globales nationales, les opérations d'évacuation des malades des centres de santé vers les CHU pose un problème d'éthique et de responsabilité. « Il y a beaucoup de rejets de responsabilité », a déploré Amar Tou, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors de la réunion sur le transfert intra et interwilayas des malades tenue, hier, en présence des directeurs généraux des CHU ainsi que des directeurs de santé publique (DSP) des 48 wilayas. Amar Tou a indiqué que la nouvelle instruction ministérielle fixant les conditions d'évacuation des malades, annulant et remplaçant l'instruction n°3 du 18 avril 1998, actuellement à sa phase finale, devra permettre de réduire les évacuations entre les établissements de santé de 50% à la fin de cette année et à 80% à la fin 2007. Amar Tou, qui a prôné le durcissement des opérations de transfert, a indiqué qu'il est impératif de « limiter les évacuations ». « On ne peut plus mettre en danger la vie des malades. » Pour cela, un programme d'affectations de médecins spécialistes dans les régions du Sud et des Hauts Plateaux est mis en place. Des équipes pluridisciplinaires (gynécologie obstétrique, ophtalmologie, radiologie, chirurgie générale, traumatologie) seront créées. Un programme portant sur la responsabilisation des CHU vis-à-vis des régions du Sud et des Haut Plateaux est également opérationnel, selon le ministre. Par ailleurs, M. Tou a indiqué que la prise en charge de l'ensemble des médecins spécialistes au nombre de 1000 est actuellement effective. Un nombre égal de postes budgétaires a été créé pour 2007. Idem pur le service militaire civil pour les médecins spécialistes et généralistes, où, d'après le ministre, tous les avantages sont offerts aux médecins optant pour le Sud pour une durée limitée à une année. Intervenant sur la nouvelle instruction ministérielle citée plus haut, le docteur Maguemoun attestera que des « dérives graves de conséquences ont été relevées dans l'application de cette instruction. Ces dérives sont notamment la fuite des responsabilités en évacuant le malade, alors que tous les moyens humains et matériels sont disponibles sur place, ou pour d'autres raisons inavouées ». Certains médecins conventionnés avec le secteur public, ajoute la conférencière, n'hésitent pas à évacuer délibérément des malades qu'ils sont censés soigner dans le secteur public avec lequel ils sont conventionnés vers leur structure privée d'attachement. Plus grave encore, ajoute-t-elle, ils vont jusqu'à les réévacuer vers les structures publiques en cas de complications graves allant jusqu'au décès du malade. Même si elle n'a pas osé les nommer, ces médecins se sont transformés en de véritables braconniers, en quête de gains faciles au détriment de la santé du malade. La conférencière ajoutera que certains praticiens du secteur public de santé vont jusqu'à traiter des malades au profit occulte de certaines structures privées. Ces malades sont réorientés par ces dernières en leur fournissant des soins et des produits pharmaceutiques. Pour parer à cette situation, une armada d'instructions a été établie. Pour les établissements publics, des dispositions médicales et administratives seront, dorénavant, indispensables pendant et après les heures de travail pour le transfert d'un malade vers une autre structure de santé. La fiche d'évacuation doit être établie conjointement par le directeur ou par son représentant dûment désigné par lui, le médecin évacuateur et/ou le surveillant médical. Cette fiche identifie le service ainsi que le médecin évacuateur, des renseignements sur le malade et d'autres d'ordre clinique. Le moyen d'évacuation doit être sécurisé (ambulance, accompagnateur médical ou à défaut paramédical). L'accord du directeur de l'établissement d'accueil est indispensable. Pour les établissements parapublics et privés, le passage par le service des urgences est obligatoire. Le dossier médical complet avec tous les soins prodigués en plus des motifs d'évacuation est obligatoire.Quant à l'exposé du docteur Cherchali, l'intervenant déclarera que 97 871 évacuations ont été reçues par les établissements de santé en 2005. Ces opérations ont induit 735 860 journées d'hospitalisation et une charge financière de plus de 4 milliards de dinars. Le chiffre des évacuations représente 3,03% des données globales. Les centres hospitalo-universitaires (CHU) se taillent la part du lion avec 54 792 évacuations. Les spécialités médicales gynéco-obstétrique et spécialité chirurgicale sont arrivées en haut du tableau avec 46,19%, 26,20% et 22,19%. Les établissements hospitaliers spécialisés (EHS) ont enregistré 6201 évacuations, ce qui représente 6,33% du nombre global d'évacuations. Les secteurs sanitaires ont enregistré, durant cette période, 36 878 opérations d'évacuation, soit un taux de 37,68%.