Décision n «On ne peut plus mettre en danger la vie des malades», a déclaré Amar Tou, ministre de la Santé, hier, lors de la réunion sur le transfert intra et interwilayas des malades. En effet, «des dérives lourdes de conséquences ont été relevées dans l'application de l'instruction n° 03 du 18 avril 1998 relative aux évacuations de malades entre établissements hospitaliers (intra et interwilayas)», a déploré Amar Tou devant les directeurs généraux des CHU ainsi que des Directeurs de santé publique (DSP) des 48 wilayas présents à la réunion. Pour cela, une nouvelle instruction ministérielle fixant les conditions d'évacuation des malades, annulant et remplaçant l'instruction n° 3 du 18 avril, actuellement à sa phase finale, devra permettre de réduire les évacuations entre les établissements de santé de 50% à la fin de cette année et à 80 % à la fin de l'année prochaine. «Beaucoup d'évacuations sont dues à des raisons infondées», commentera le ministre, précisant que l'instruction qui sera bientôt appliquée fera face à ce genre d'attitude. «L'évacuation infondée qui cause des préjudices aux malades : complications, voire décès, est un acte réprimé par la loi», a-t-il précisé. Selon lui, beaucoup d'évacuations durant le premier semestre 2006, l'année 2005 et les années précédentes ont été à l'origine de complications de l'état de santé des malades évacués, voire de leur décès au cours de leur évacuation. Le nombre d'évacuations comptabilisées, a-t-il indiqué, durant l'année 2005, s'élève à 97 871. Un nombre qui a induit, selon le conférencier, 735 860 journées d'hospitalisation et causé une charge financière de l'ordre de 4 milliards de dinars. Pour leur part, les directeurs des CHU contredisent ces chiffres basés uniquement sur les transferts officiels réalisés par des établissements de santé disposant de moyens de transport. Selon eux, le chiffre avancé est très en deçà de la réalité. A titre d'exemple, l'enquête du ministère de la Santé n'a comptabilisé que 59 transferts accueillis par le CHU de Bab El-Oued. «Ce qui est loin de refléter la réalité pour un établissement qui reçoit des malades de tout le territoire national», s'étonne l'un des directeurs de CHU. S'agissant du nombre de décès, le ministre de la Santé dira qu'aucune donnée n'est jusque-là disponible. «Il y a beaucoup de rejets de responsabilité et c'est là le début d'une prise en charge réelle de ce volet», a-t-il indiqué en ajoutant que «c'est à travers la mise en application de cette instruction, adressée à tous les hôpitaux que nous pourrons comptabiliser de manière précise le nombre exact des évacuations ainsi que les chiffres exacts des décès, et que nous réussirons à situer les responsabilités», a-t-il conclu.