Guerre en Irak ou pas, ou très certainement pour en atténuer son impact et donner une autre image de la diplomatie mondiale, la crise du Darfour figure en bonne place des préoccupations sans que l'on sache il est vrai si celles-ci ne sont pas dénuées d'arrière-pensées ou de visées parce qu'il s'agit du Soudan, un pays déjà menacé de morcellement et qui n'est contrôlé qu'en partie par l'autorité gouvernementale. Tout le reste lui échappe en raison des troubles et de la guerre civile dans le Sud littéralement coupé du Nord, depuis 1983. A cet égard, les pays donateurs réunis lundi en conclave dans la capitale norvégienne ont établi le constat et les besoins. Mais en conclusion, point d'engagement ou de promesse. Il n'y en aura pas tant que durera la crise du Darfour, dit-on tout simplement. Une manière de contraindre les négociateurs des deux parties à s'atteler sérieusement à la tâche. A cet égard, un ministre soudanais a démenti que son gouvernement ait accepté une autonomie pour le Darfour au moment où Khartoum mettait les dernières touches à un plan d'action pour cette région de l'ouest du Soudan dévastée par la guerre, a rapporté hier la presse locale. Le ministre adjoint pour les Affaires étrangères, Naguib Al Kheir Abdel Wahab, a indiqué que la question d'autonomie pour les minorités non arabes du Darfour ne serait discutée qu'à une phase ultérieure des difficiles négociations de paix avec les rebelles, au Nigeria. M. Abdel Wahab a rejeté les appels du Haut Commissaire de l'Onu pour les réfugiés (HCR) Ruud Lubbers, arrivé lundi soir à Khartoum, à un engagement immédiat du gouvernement pour une autonomie au Darfour dans le cadre d'un véritable Etat fédéral, écrit le quotidien Al Sahafa. Il a démenti que le gouvernement ait annoncé officiellement son acceptation de garantir une autonomie au Darfour comme l'avait affirmé M. Lubbers. Les discussions sur cette question devraient avoir lieu aux négociations d'Abuja où, selon lui, « le règlement politique n'a pas encore été abordé ». Les autorités insisteront sur des « arrangements politiques qui seront basés sur des principes approuvés par le gouvernement dans la Constitution et les protocoles de Naivasha », a-t-il ajouté en allusion à des accords préliminaires avec les rebelles sudistes de la SPLA, accordant l'autonomie au Sud. M. Abdel Wahab a, cependant, exprimé son optimisme que la série de négociations sur les questions politiques avec les rebelles du Darfour prévues le 21 octobre ne serait pas « aussi tendue et difficile que le round précédent ». Il a par ailleurs indiqué que son gouvernement avait « fini de préparer un plan complet pour traiter avec la récente résolution du Conseil de sécurité », la 1564, qui a sommé le Soudan de faire cesser les souffrances causées par des combats sanglants qui durent depuis 19 mois entre l'armée et les rebelles. Il n'a pas donné d'autres précisions mais a ajouté que son pays « appliquerait le plan en coopération avec l'Union africaine en tant que principal parrain de la question du Darfour ». La 1564, votée début septembre, préconise notamment le déploiement d'un plus grand nombre de forces de l'UA, sans explicitement parler de force de maintien de la paix. Selon l'Onu, 30 000 à 50 000 personnes sont mortes au Darfour depuis 19 mois et 1,4 million ont été déplacées, dont environ 200 000 ont fui au Tchad voisin. Des chiffres susceptibles malheureusement, selon l'ONU de s'aggraver et de déboucher sur une catastrophe humanitaire.