Y a-t-il un lien entre la crise au sommet qui secoue actuellement le FLN et le RND et le timing choisi pour étaler sur la place publique ces querelles de clocher et pousser vers la porte de sortie leurs chefs respectifs : MM. Saadani et Bensalah ? Un scénario politique pour le moins inédit est en train de s'écrire dans les antichambres des deux formations politiques, voire plus haut, quand on connaît le statut de partis du pouvoir de ces formations. Il est connu que la succession à la tête de ces partis se règle toujours par le truchement de «coups d'Etat scientifiques» avec la bénédiction du pouvoir. Le fait nouveau est que cette alternance maison se déroule avec les mêmes acteurs politiques. Lesquels, après une retraite forcée, reviennent plus forts encore par la grande porte, quand ceux qui leur avaient succédé à ce poste, portés au pinacle par les mêmes faiseurs de rois, préparent leur capitulation sans coup férir. C'est ce même scénario de la succession, par le haut, qui semble s'écrire de nouveau au FLN et au RND. La guerre des chefs qui secoue ces partis est-elle le signe d'un changement des rapports de force internes ? Ou bien alors n'est-elle que la manifestation de répliques d'un séisme politique, dont l'épicentre est situé au cœur du pouvoir et des clans qui le composent ? On pourrait accuser les actuels chefs du FLN et du RND de tout, sauf d'avoir manqué de loyauté et d'activisme pour mettre leurs partis respectifs au service de Bouteflika. Ces deux hommes ont été et sont de tous les «combats» contre l'opposition et la presse libre. Ce sont eux qui sont chargés «d'animer» (de polluer) la scène politique, s'érigeant en porte-parole du président de la République. Comment dès lors interpréter cette ruade en bonne et due forme dirigée de l'intérieur de ces partis contre ces deux hommes ? Leur lâchage et le retour en grâce annoncé de MM. Belkhadem et Ouyahia, pour présider de nouveau aux destinées de ces formations politiques qu'ils ont quittées par la porte de service, obéissent-ils à des considérations internes partisanes ? L'enjeu n'est-il pas ailleurs ? Prépare-t-on la succession de Bouteflika ? La convalescence du président de la République qui a trop duré et qui risque encore de se prolonger, au vu des images peu rassurantes sur son état de santé diffusées par la télévision algérienne, pourrait avoir convaincu les cercles des décideurs que l'intérêt du système est d'aller, plus tôt que prévu, vers un changement avec un candidat du cru pour sortir le pays de l'immobilisme dans lequel il se trouve. Mais le retour d'Ouyahia et de Belkhadem aux affaires ne signifie pas forcément que le futur candidat du pouvoir pressenti pour succéder à Bouteflika se joue entre ces deux hommes du sérail. Ils pourraient avoir été rappelés avec pour mission de remobiliser leurs troupes respectives déchirées par des luttes internes. En prévision des prochaines échéances électorales, les législatives, mais surtout, comme tout le laisse penser, dans la perspective d'une élection présidentielle anticipée qui semble devenir une option de plus en plus crédible, le pouvoir a besoin de ces deux appareils qui jouent le rôle de système de défense immunitaire du régime en place. Pour mener à bon port son projet de transition politique dans la continuité du système qui se dessine par petites touches.