Riyad a proposé, vendredi, qu'un cessez-le-feu prenne effet ce soir, pour cinq jours renouvelables, afin de permettre l'acheminement d'une aide humanitaire aux civils durement éprouvés par six semaines de conflit. Les Houthis ont affirmé, dimanche, être prêts à «réagir positivement à tout effort, appel ou mesure qui aiderait à mettre fin aux souffrances» de la population yéménite. Leurs alliés, les militaires proches de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, les avaient précédés, en affirmant vouloir aussi mettre fin aux souffrances des civils. Selon l'ONU, quelque 1400 personnes ont été tuées, en bonne partie des civils, et 6000 autres blessées depuis le début du conflit. Ce bilan devrait néanmoins s'alourdir très vite, puisque hier, une source médicale a fait état à Aden, dans la grande ville du sud du Yémen, de 19 morts et 93 blessés dans des combats entre rebelles et partisans du président en exil, Abd Rabbo Mansour Hadi. A Taëz, plus au nord, les Houthis tentent de prendre la ville en tenailles, en déployant des forces aux principales entrées, selon des habitants. Ils font face sur le terrain aux combattants fidèles à M. Hadi. Les combats ont fait 6 morts parmi les civils, dont 3 femmes et un enfant, ces 48 heures, selon un représentant local du Croissant-Rouge yéménite. Trêve aujourd'hui A la veille d'une trêve proposée par Riyad, l'aviation de la coalition conduite par l'Arabie Saoudite a aussi intensifié ses raids contre les positions des rebelles chiites. De Saâda (nord), fief des Houthis, à Aden (sud), en passant par cinq autres régions, les cibles rebelles ont été intensément bombardées, ont rapporté des habitants, selon lesquels il s'agit des bombardements les plus violents depuis le début du conflit. Sept raids consécutifs ont été menés sur des rassemblements de Houthis autour d'Ataq, capitale de la province de Chabwa (sud). Des raids ont également visé les positions rebelles à Taëz (sud-ouest), Sanaa, Mareb (à l'est de la capitale), Hajja (nord), et Baïda (centre), selon des témoins. A Saâda, les raids se sont poursuivis dans une région où les civils tentent de fuir les bombardements. Selon des résidants, les zones proches de la frontière saoudienne subissaient également, hier, un barrage d'artillerie et des tirs de missiles. D'après des agences humanitaires, quelque 70 000 civils ont fui en trois jours la province de Saâda, bombardée par la coalition après les tirs de la semaine dernière sur le territoire saoudien en provenance de cette région frontalière. Le blocus imposé par la coalition prive le Yémen «du carburant nécessaire pour la survie de la population, et ce, en violation des lois de la guerre», a écrit, hier, Human Rights Watch (HRW), au lendemain de l'annonce par le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'arrivée au Yémen d'un premier navire affrété par l'ONU et chargé de carburant. Les rebelles yéménites houthis ont aussi causé des pertes à la coalition menée par Riyad. Ils ont annoncé, dimanche soir, qu'un avion de la coalition a été abattu dans leur bastion de Saâda, après que le Maroc a signalé la perte d'un F-16 au Yémen. La chaîne des rebelles, Al Massirah, a rapporté que des combattants tribaux avaient abattu un avion près de Saâda et montré les débris d'un appareil portant le drapeau marocain. Rabat avait auparavant indiqué qu'un F-16 marocain participant aux raids était «porté disparu». Les Forces armées royales (FAR) ont indiqué que le «deuxième avion qui évoluait en formation n'avait pas pu constater si le pilote (...) avait pu s'éjecter» et que des «recherches» étaient en cours.