Après une absence de cinquante jours, qui a suscité bien des interrogations, le président de la République Abdelaziz Bouteflika vient enfin de reprendre ses activités. Pour sa première apparition publique après son long congé, comme pour donner le coup d'envoi de la rentrée économique et sociale, le Président a ainsi choisi de s'exprimer à l'ouverture, hier à l'hôtel Hilton d'Alger, de la 30e session du Conseil des gouverneurs des banques centrales et des institutions financières arabes. Prononçant une allocution de circonstance, le président de la République a d'emblée mis en avant la nécessité pour les pays arabes d'œuvrer plus sérieusement pour l'intégration de leurs économies. « Nous sommes appelés aujourd'hui à faire preuve de plus de conscience et de sérieux pour réaliser l'intégration, d'abord entre nos économies, puis, au sein de l'économie mondiale », a-t-il plaidé. Et de soutenir à cet effet que « le choix d'un système économique judicieux à même de permettre à nos pays de faire face à la concurrence mondiale ne pourrait aboutir que s'il est conjugué à une justice sociale et à la lutte contre la corruption et la gabegie ». Ceci, a-t-il ajouté, « exige un certain degré de liberté et d'équité de même qu'il suppose une consolidation des fondements de l'Etat de droit ». Mettant en avant l'impact positif que peuvent avoir les flux de capitaux sur le développement de l'activité économique dans chaque pays, le président Bouteflika soulignera dans le même ordre d'idées qu'« une coordination inter-arabe s'impose à l'effet de faire valoir d'importantes potentialités ». Et de décrier sur sa lancée : « Notre région occupe 10% de la superficie du monde et compte 5% de la population mondiale alors que son économie ne contribue qu'à hauteur de 4% de la production mondiale. Une situation inacceptable, d'autant que la coopération régionale arabe est désormais une condition sine qua non. » Abordant la situation de l'économie nationale, le président Bouteflika n'a pas manqué de mettre en avant les effets positifs de la politique économique menée ces dernières années, et qui a fait naître, selon ses dires, « une dynamique avérée depuis 2002 ». En ce sens, a-t-il signifié, « les résultas concrétisés jusque-là constituent des signes appréciables qui nous encouragent à persévérer, tout en étant convaincus de la justesse de notre vision ». Tout en poursuivant le renforcement de sa stabilité intérieure et l'élargissement de ses actions de développement, l'Algérie, dira le chef de l'Etat, « a entrepris la mise en œuvre de la loi sur la réconciliation nationale, ainsi que le parachèvement des réformes institutionnelles aux fins de consacrer l'Etat de droit ». Comme pour capter l'intérêt des acteurs de la place financière arabe, il s'étalera, dans son allocution, sur le contenu et les objectifs du second plan de relance économique 2005-2009 pour lequel, l'Etat, a-t-il rappelé, a consacré « une enveloppe financière de plus de 4200 milliards de dinars, dont plus de 38% sont destinés à l'amélioration des conditions de vie des citoyens ». Sur sa lancée, il soulignera que le taux annuel de la croissance économique en Algérie dépasse actuellement 5% et devrait atteindre 7% dans un proche avenir, tandis que le PIB par habitant s'accroît à raison de 4% et le taux de chômage a baissé à 15,3 % en 2005. L'augmentation importante des réserves de changes, a-t-il indiqué au demeurant, « a permis d'accélérer le paiement de la dette extérieure qui devra continuer à baisser pour atteindre 5 milliards de dollars d'ici la fin de l'année, contre 30 milliards de dollars en 1998 ». A l'ensemble de ces indicateurs macro-économiques rendant favorable le climat d'investissement en Algérie, vient s'ajouter, selon le discours développé par le Président, les facilitations et avantages induits en faveur des investisseurs à travers le dernier amendement de la loi sur les investissements. De même, a-t-il relevé, « plus de 20 textes législatifs sont en cours d'élaboration ou de révision pour adapter notre système juridique aux normes universelles et à nos engagements internationaux ». Incitant en définitive les acteurs des pays arabes à améliorer l'efficacité de leurs actions de coopération, le président Bouteflika soutiendra, à cet effet, que les institutions financières arabes « doivent désormais investir dans de véritables projets de développement et ne pas se limiter au financement du commerce extérieur afin que les richesses arabes ne continuent pas d'être spoliées par les banques étrangères ».