Réagissant à plusieurs articles et interviews parus récemment, le député indépendant Med Bouteldja a organisé une rencontre avec la presse durant laquelle son avocat annoncera le dépôt de plainte à l'encontre de deux titres de la presse écrite, en l'occurrence El Wasl et Liberté. Après une brève introduction, Med Bouteldja remettra une déclaration dans laquelle il mettra en exergue la genèse de ce qui est désormais connu sous le titre générique de « l'affaire Volkswagen ». Un constructeur allemand de renommée dont cet opérateur avait été le premier concessionnaire par le biais de l'entreprise SOFIEMCA dont il est le PDG. On note dans cette déclaration que ses ennuis auront commencé en février 2001, lorsque les services de dédouanement de Mostaganem déclencheront des procédures d'inspection au niveau de son parc sous douane, situé à la périphérie de la ville. Les deux inspecteurs, Z. D. et B. M., dépêchés sur les lieux, déclaraient avoir mis à jour certaines irrégularités dans les procédures de dédouanement. En clair, ils reprochaient à la SOFIEMCA de s'être dérobée de ses taxes douanières et auraient mis sur le marché des centaines de véhicules sans dédouanement. Des accusations gravissimes que l'opérateur Bouteldja réfutera en demandant à la direction générale des douanes de diligenter une enquête. C'est ainsi qu'une commission composée de huit cadres centraux sera mise sur pied par Sid Ali Lebib, alors DG des douanes. Dans son rapport la commission aurait fait annuler, selon les termes du communiqué, pas moins de 5 PV et modifier les contenus de quatre autres. Un revirement que la SOFIEMCA mettra à profit pour contester toute la procédure et saisir toutes les autorités (y compris la présidence de la République et la chefferie du gouvernement) pour que la lumière soit faite sur cette confuse affaire qu'il qualifiera lui-même de complot visant à lui faire retirer la concession Volkswagen. C'est ainsi qu'en septembre 2003, une plainte contre « x » pour faux en écriture publique est déposée auprès du procureur de la République de Mostaganem. Entre-temps, les services des douanes auront procédé à la fermeture des cinq entreprises composant le groupe Bouteldja. Des mesures qu'il qualifiera d'injustes et d'excessives, soulignant que le litige avec la douane ne concernait que la société SOFIEMCA. Les chiffres de la discorde C'est ainsi qu'il sera amené à poursuivre la douane en justice pour les préjudices causés au groupe. Une procédure qui est encore en cours mais qui aura provoqué la réaction d'un des douaniers aujourd'hui à la retraite qui sera entendu d'abord en qualité de témoin. Mais dans l'avancement de l'enquête et faisant suite à l'expertise judiciaire, la chambre d'accusation l'aurait inculpé pour faux et usage de faux. Cette citation à comparaître aura pour effet de provoquer une réaction de cet ancien divisionnaire qui se traduira par la rédaction d'une lettre ouverte au président de la République dont certains titres auraient reçu copie. D'où cette série d'articles et d'interviews de l'ex divisionnaire B M qui citera le chiffre de 1 493 véhicules volatilisés au nez et à la barbe des douanes. Ce sont ces chiffres que l'opérateur contestera, affirmant que le litige avec la douane ne concerne qu'une trentaine de véhicules livrés à d'anciens moudjahidine. S'abritant derrière le respect du secret de l'instruction, il rappellera que l'expertise ordonnée par la justice constitue une étrape cruciale dans le dossier. S'il s'avère, comme le souligne Med Bouteldja que les informations rapportées par les titres en question sont réellement puisées du rapport d'expertise, leurs auteurs auront bel et bien transgressé le secret de l'information. Les protagonistes étant connus, la plainte de SOFIEMCA déposée, il sera aisé à la justice de démasquer l'auteur de la fuite. Mais toute cette frénésie n'aurait pas de sens si, derrière cette fâcheuse histoire, il n'y avait pas d'énormes intérêts. Il suffit pour s'en convaincre d'en référer aux affirmations du PDG de SOFIEMCA qui dévoilera le chiffre astronomique de 396 milliards de Cts versés au trésor public par cette entreprise au titre des taxes douanières et des pénalités subséquentes. A l'approche du procès, cette bataille des chiffres reflète parfaitement la gravité des enjeux.