Un important dispositif policier a empêché les opposants à Amar Saadani d'approcher du siège du FLN, à Hydra. Très tôt le matin, les forces de maintien de l'ordre ont pris position autour du siège du FLN, bloquant tous les accès. Les premiers opposants arrivés sur place ont été embarqués au commissariat de Hydra pour vérification d'identité. Il a fallu l'intervention des organisateurs de la manifestation pour qu'ils soient libérés et qu'un accord soit trouvé afin que se tienne un rassemblement de protestation contre la direction actuelle du FLN. Finalement, c'est près du bureau de poste de Hydra que les opposants ont pu se retrouver, encadrés par des éléments des forces antiémeute et de plusieurs policiers en civil. Au même moment, des bus transportant des militants venus de plusieurs wilayas étaient stoppés aux barrages, selon les organisateurs. «Plusieurs cars sont actuellement bloqués dans des barrages. Ce sont des centaines de militants qui sont interdits d'exprimer leur rejet de cette direction et de la tenue du 10e congrès», a dénoncé Boualem Djaffar, sénateur FLN. Pour l'ancien membre du bureau politique Aïssa Kassa, l'attitude de la direction du parti est symptomatique d'«une équipe qui a peur et qui a recours à la police pour se protéger». Et de rappeler : «Lorsque les opposants à Abdelaziz Belkhadem ont manifesté, nous leur avions ouvert la cour intérieure du siège pour qu'ils puissent s'exprimer, sous les fenêtres du secrétaire général. On n'avait pas fait appel à la police.» Pour autant, les ténors de l'opposition n'ont pas fait le déplacement à Hydra. Ni Abderrahmane Belayat (coordinateur du mouvement), ni Salah Goudjil, ni les anciens ministres Rachid Harraoubia et Amar Tou, pourtant présents aux réunions qui se tiennent à la permanence parlementaire d'El Biar, n'étaient là. Seuls Abdelkrim Abada et l'ancien ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, ont assisté au rassemblement. Une situation qui n'a pas été du goût de certains manifestants. Pour l'opposition, la manifestation d'hier intervient au moment où une partie de poker menteur se joue au plus haut sommet de l'Etat. Si la justice doit se prononcer, demain, sur la demande des adversaires au secrétaire général pour le report du 10e congrès, la manifestation a lieu alors que la direction du parti fait profil bas depuis plusieurs jours. Même Amar Saadani, pourtant habitué à donner son avis et à s'en prendre à ses adversaires, n'a toujours pas commenté la décision du tribunal de Bir Mourad Raïs. Du coup, les plus folles suppositions sont avancées par ses adversaires, qui y voient la possibilité d'un retournement de situation. C'est le cas de Abdelkrim Abada, qui se rattache à ce qui s'était passé lors de la plainte déposée lors du comité central du 29 août 2013. Pour lui, la justice hésite car le pouvoir hésite. «On ne peut pas ne pas rattacher le report de la décision à la volonté de régler le problème du parti», affirme-t-il, tout en avertissant qu'une autre plainte sera déposée au niveau du Conseil d'Etat pour bloquer le congrès s'ils venaient à être déboutés.