Prestation de serment sans précédent à la place Eagle Square à Abuja, Nigeria, en présence de plusieurs chefs d'Etat dont Jacob Zuma, Theodore Nguema, John Mahama, Uhuru Kenyatta, Robert Mugabe, Faure Gnassingbé, Denis Sassou Nguesso, Larbi Ould Khelifa, représentant le président Bouteflika, et une délégation américaine conduite par le Secrétaire d'Etat, John Kerry. Muhammadu Buhari, 72 ans, le candidat de l'opposition et ancien putschiste, est depuis, hier, le nouveau président du pays le plus peuplé d'Afrique. Saura-t-il avec le professeur Yemi Osinbajo, le nouveau vice-président qui s'est aussi également conformé au protocole du serment, après cette première transition démocratique et pacifique du pays, remettre la machine économique en marche et mettre hors état de nuire Boko Haram ? « Je jure solennellement ...qu'en tant que président de la République fédérale du Nigeria, je remplirai mes devoirs au mieux de mes capacités, fidèlement et conformément à la Constitution de la République fédérale du Nigéria et à la loi, et toujours dans l'intérêt de la souveraineté, de l'intégrité, la solidarité, le bien-être et la prospérité de la République fédérale du Nigeria ... », déclare le successeur de Goodluck Jonathan promettant de « servir » au-delà de toute considération tous les Nigérians et assurant les pays de la sous-région et du continent que le Nigeria coopérera avec la communauté internationale pour combattre le terrorisme, les crimes et la piraterie. Première mesure de Buhari qui qualifie Boko Haram de « groupe de gens fous et sans Dieu, aussi éloignés de l'islam qu'on peut l'imaginer » : le Centre de commandement militaire contre ce groupe terroriste ne sera plus basé à Abuja mais à Maiduguri (nord-est). « Nos forces de sécurité ont accompli des progrès ces dernières semaines, mais la victoire n'est pas possible en conservant un centre de commandement et de contrôle à Abuja », dit-il promettant de retrouver les filles de Chibok enlevées il y a plus d'un an par Boko Haram. « Le gouvernement fera tout son possible pour les retrouver en vie », assure-t-il. Tout en réaffirmant la souveraineté de l'armée dans la lutte contre cette secte terroriste, le nouveau Président s'engage à mettre en place un mécanisme de contrôle contre toute forme de violation des droits humains. Comme pour rappeler aux uns et aux autres qu'il existe, le groupe Boko Haram s'est signalé hier au moment de l'investiture. Sept personnes ont été tuées, plusieurs dizaines ont été blessées, par l'explosion de deux bombes lors d'un mariage dans l'Etat de Borno. L'armée tchadienne indique que des combats se sont aussi déroulés mercredi sur une île du lac Tchad lors desquels quatre soldats et une trentaine de terroristes ontété tués. La première économique africaine a d'autres problèmes. Buhari, qui a été élu le 28 mars dernier, veut assainir le secteur de l'énergie, assurer une meilleure distribution de l'électricité, notamment suite aux dernières pénuries qui ont paralysé le pays ces derniers mois, lutter contre le chômage, relancer l'agriculture et es industries locales et laminer le fléau de la corruption.