Faire face aux défis des maladies cardio-vasculaires, un des objectifs à atteindre d'ici 2020 par l'OMS, constitue une préoccupation majeure des professionnels de la santé à travers le monde vu l'ampleur de la pathologie et de ses complications. Le deuxième congrès mondial de l'insuffisance cardiaque qui a regroupé des spécialistes en cardiologie de 42 pays, animé par 300 experts des universités internationales auquel ont pris part des cardiologues algériens, organisé à Seville en Espagne par la société européenne de cardiologie, en collaboration avec l'association de l'insuffisance cardiaque du 23 au 26 mai, a mis l'accent sur la nécessité de lutter contre les facteurs de risque de cette pathologie, et assurer une prise en charge optimale des patients. L'insuffisance cardiaque est le premier motif d'hospitalisation vu les complications qu'elle engendre. Le cœur ne peut plus assurer un débit sanguin suffisant pour répondre aux besoins de l'organisme en oxygène, d'où essoufflement, respiration sifflante, gonflement des chevilles, palpitations, etc. Elle peut être, ont expliqué les spécialistes, la conséquence de nombreuses maladies cardio-vasculaires comme l'hypertension artérielle, le diabète, l'infarctus. Elle peut être aussi parfois due à une maladie du muscle cardiaque. Durant ces journées scientifiques d'échanges et d'expériences, les spécialistes sont revenus sur les principales recommandations internationales dans la prise en charge de cette maladie qui enregistre une nette augmentation d'année en année. Si certains considèrent que l'insuffisance cardiaque qui empêche le cœur de pomper suffisamment de sang dans les organes est la conséquence d'une mauvaise prise en charge de ces facteurs de risque, à savoir l'HTA, le diabète, l'anémie sévère et autres pathologies cardio-vasculaires, d'autres estiment qu'elle est simplement la phase terminale de la pathologie cardiaque qui fait que sa prise en charge est dans certains cas négligée. Le nombre d'insuffisants cardiaques s'élève à 15 millions en Europe, dont un malade sur quatre nécessite une hospitalisation de trente jours au moins et 76% des patients de difficulté de motricité. Ainsi, diagnostiquer la maladie à temps, lutter contre ses facteurs de risque pour réduire les coûts de prise en charge et agir en amont pour une prévention primaire, tel est le défi de l'insuffisance cardiaque. Pour ce faire, une première condition s'impose, assurent les experts. Il est question d'assurer une prise en charge multidisciplinaire qui englobera toutes les spécialités, à savoir la gériatrie, la cardiologie, la médecine interne, etc. «Cette maladie ne touche pas seulement le cœur. Ce sont pratiquement tous les organes nobles qui deviennent défaillants (poumon, rein, foie, etc», a-t-on expliqué. C'est pourquoi il est important d'agir en amont afin de réduire les complications et surtout les longues hospitalisations. Il s'agit d'une maladie chronique qui prend des formes aiguës et qui sont parfois irréversibles malgré la prise de traitements de base qui sont en nombre de trois classes thérapeutiques (Beta bloquants, IEC et MRA). Le patient doit être un acteur actif dans le suivi de la maladie, sont unanimes à dire tous les intervenants. Rappelant que 50% des patients décèdent dans les cinq années qui suivent leur première hospitalisation, les différentes intervenants ont insisté sur la prise en charge des complications, notamment les atteintes rénales et hépatiques. «La prise en charge des ces complications permet la réduction de plus de 30% des hospitalisations», a-t-on précisé. «La collaboration entre le médecin généraliste et le médecin spécialiste dans la prise en charge et le suivi des patients est indispensable. Comme il est important également de créer des unités spécialisées dédiées à l'insuffisance cardiaque. C'est ce qui permet essentiellement de stabiliser la maladie et améliorer la qualité de vie du patient», a-t-on insisté. Outre le traitement de base connu de tous et qui doit être maintenu et des explorations importantes qui sont l'ECG, le BNP et l'échographie, des traitements innovants viennent renforcer la prise en charge et desquels les experts attendent beaucoup. «Un espoir pour les patients et une arme thérapeutique supplémentaire pour nous», a souligné le Pr John McMurray président de la société européenne de cardiologie et principal investigateur de la dernière étude clinique Paradigm portant sur une nouvelle thérapie composée de deux molécules. Une innovation qui pourrait, a-t-il souligné, dicter une nouvelle conduite à tenir face à l'insuffisance cardiaque. «Le schéma thérapeutique risque d'être modifié et de nouvelles recommandations seront élaborées pour des changements dans le traitement de l'insuffisance cardiaque», a-t-il signalé en précisant qu'avec les traitements existants, le taux de mortalité de l'insuffisant cardiaque demeure élevé, avec un taux de 50% dans les cinq ans après le diagnostic.