Après avoir coordonné et présenté en 2013 un ouvrage intitulé «De la pédagogie de projet et de l'enseignement de la langue amazighe en Kabylie», paru aux Editions L'Odyssée, Nasserdine Aït Ouali, docteur en littérature française à l'université Paris 8, revient cette fois-ci avec une autre étude publiée récemment à la même maison d'édition et traitant de «l'écriture romanesque kabyle d'expression berbère» de 1946 à 2014. «L'écriture romanesque kabyle dispose d'un potentiel humain qui peut assurer son développement. Pour réaliser cette évolution, l'émergence et l'institution d'une critique littéraire constructive (université et médias) sont impératives. Cela amènera les auteurs à fournir plus d'efforts et à être plus rigoureux dans leur travail de création», peut-on lire sur la couverture du livre. L'auteur estime dans son avant-propos que la production de romans kabyles d'expression berbère n'est pas assez importante pour pouvoir parler dès à présent de Roman kabyle : il se publie un roman par année en moyenne depuis trente-quatre ans même en comptant les textes qui ne présentent pas beaucoup d'intérêt d'un point de vue poétique ou esthétique pour en faire de véritables œuvres littéraires. «La culture générale de quelques auteurs se caractérise par une certaine insuffisance. Cela se traduit par une profusion d'anomalies et d'approximations dans les savoirs et les informations contenues dans leurs textes», constatera-t-il tout en rappelant quelques exigences élémentaires, mais non moins fondamentales, de l'écriture romanesque. Il déplorera, par ailleurs, que la quasi-inexistence d'une critique littéraire universitaire et journalistique a favorisé l'instauration d'un «système» où des créations romanesques de qualité reçoivent pratiquement le même traitement que celles produites par des bricoleurs de l'écriture. «Cela peut contribuer à discréditer l'ensemble de la littérature kabyle», assène-t-il. Aussi, l'absence d'un réseau de distribution performant du livre empêche, selon M. Aït Ouali, la disponibilité des titres existants pour le public. L'analyse de romans et nouvelles retenus pour cette étude entre 1946 et 2014, de Lwali n wedrar, de Belaïd Aït Ali, à Tetdilli-d, ur d-tkeccem, d'Amar Mezdad, en passant par Askuti, de Saïd Sadi, dénotera l'évolution de l'écriture romanesque kabyle d'expression amazighe. Les analyses des récits portent, entre autres, sur les thématiques, les dispositifs de la narration, les rapports à l'histoire, la quête identitaire et l'esthétique. «La traduction des extraits des romans et nouvelles étudiés est littérale : le but est de permettre au lecteur qui ne lit pas en tamazight de prendre connaissance des titres en question», explique l'écrivain dans son introduction générale. Ce nouvel ouvrage de Nasserdine Aït Ouali est disponible chez les bons libraires.