Les anciens présidents de la LADDH, Ali Yahia Abdennour et Mustapha Bouchachi, sont conviés par certains de leurs pairs à conduire une initiative pour rassembler les rangs de l'organisation. Divisée en plusieurs ailes, minée par les luttes partisanes et confrontée au blocage administratif qui refuse de l'agréer, la doyenne des organisations de défense des droits de l'homme en Algérie, la LADDH, traverse une crise interne sans fin. Ayant débuté en 2007, lorsque l'organisation a été scindée en deux ailes – l'une présidée par Hocine Zehouane et l'autre par Mustapha Bouchachi avant d'être reprise par Noureddine Benissad – le sigle est revendiqué également par une troisième aile, conduite par Salah Dabouz. Face à cette situation, une quatrième voix vient de se manifester pour appeler les anciens présidents de la LADDH, Ali Yahia Abdennour et Mustapha Bouchachi, à conduire une initiative pour rassembler les rangs de l'organisation. Dans un communiqué signé par Bencheikh El Hocine Dhia Eddine, ce mouvement annonce même la création, dans les prochaines semaines, «d'une commission nationale neutre pour préparer la quatrième conférence de la LADDH». Est-il possible aujourd'hui d'unir les rangs de l'ONG ? Cet appel trouvera-t-il un écho auprès des frères ennemis de la LADDH ? L'entreprise s'annonce difficile. Les différents protagonistes n'affichent pas, pour l'instant, une volonté d'aller dans ce sens. Et le doyen de la ligue, Ali Yahia Abdennour, ne veut plus se mêler à la vie organique de la LADDH. «Je me suis retiré totalement de la ligue. J'ai été invité par Salah Dabouz pour assister au congrès (l'aile Dabouz a organisé récemment son congrès, ndlr) et je n'y suis pas allé», nous a confié Ali Yahia Abdennour. Et de trancher : «La réunion de la LADDH aura lieu quand la démocratie s'installera en Algérie.» Interrogé sur cette question, Noureddine Benissad se dit serein. Selon lui, «l'aile authentique de la LADDH a organisé son congrès de mise en conformité avec la nouvelle loi sur les associations en décembre 2014». «Notre congrès a été organisé avec la présence des délégués de 46 wilayas et d'un huissier de justice. Notre dossier est déposé au niveau du ministère de l'Intérieur depuis une année et demie, mais nous n'avons reçu aucune réponse», explique-t-il, précisant que la ligue qu'il «préside est la seule qui est affiliée à la FIDH et au Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme». Noureddine Benissad tire, dans la foulée, à boulets rouges «sur les frondeurs affiliés à un syndicat qui font œuvre de destruction de la ligue». Il fait allusion à l'aile présidée par Salah Dabouz. «Le problème de la LADDH se situe au niveau du ministère de l'Intérieur. Notre demande d'agrément n'a pas reçu de réponse. Pour nous, la LADDH est agréée de fait», ajoute-t-il. Pour l'aile conduite par Salah Dabouz, «il n'est pas question d'abandonner la LADDH à ceux qui ne respectent plus rien». «C'est un enjeu très important. Le sigle a une histoire. C'est une symbolique», explique Kaddour Chouicha. Selon lui, le problème «réside dans le jeu malsain du pouvoir qui sème la division». «Tout le monde sait que le pouvoir n'accorde plus d'agrément aux associations. Aujourd'hui, l'important est que les gens se battent sur le terrain. Le pouvoir doit cesser de jouer à l'apprenti sorcier», lance-t-il.