Joseph Sepp Blatter n'ira finalement pas au terme de son 5e mandat. Elu vendredi, il a annoncé sa démission hier, lors d'une brève conférence de presse qu'il a tenue à Zurich. Il a été emporté par la lame de fond qui s'est abattue sur la FIFA mercredi dernier. Rattrapé par les scandales de corruption et de blanchiment d'argent qui éclaboussent de hauts dignitaires de l'instance internationale, le Suisse, en poste depuis 1998, a décidé de ne pas aller au bout de son 5e mandat. Comme prévu, il n'a pas survécu aux scandales qui ébranlent l'instance faîtière du football depuis le week-end dernier. Beaucoup s'interrogent sur le timing de son renoncement et surtout ses profondes motivations. Le vieux dirigeant (79 ans), qui a tenu la FIFA d'une main de fer depuis l'été 1998, a abdiqué d'une façon surprenante et inattendue. Quelques instants après sa réélection — survenue après le retrait inexpliqué de la course au second tour de son rival Ali Hussein, le prince jordanien — Joseph Sepp Blatter s'était projeté dans l'avenir et avait annoncé quelques réformes au sein de la FIFA. Des propos et des engagements de façade qui n'ont pas résisté à l'acharnement de la justice américaine d'aller jusqu'au bout du scandale qui a débouché sur l'arrestation, mercredi dernier, d'une dizaine de dirigeants de la FIFA. Hier, le New York Times a jeté un autre pavé dans la mare en révélant le versement de 10 millions de dollars à Jack Warner, ancien membre du comité exécutif et de la Concacaf. C'est l'homme lige des services de renseignement et de la justice américaine. Cette fois, c'est le Français Jérôme Valcke (secrétaire général et un proche du président Blatter) qui a été mis en cause. L'ancien journaliste de Canal+ est soupçonné d'avoir versé les 10 millions de dollars à Jack Warner. Le cycle des révélations n'est pas près de prendre fin, comme l'annoncent les Américains. Y a-t-il un lien entre les révélations du New York Times et la démission de Joseph Sepp Blatter ? Pas de doute ! Le futur ancien président de la FIFA a anticipé sur les événements. Il sait qu'il finira par être accusé et inculpé dans les nombreuses affaires de corruption qui souillent le football et la FIFA. Pour tenter de se dédouaner aux yeux de l'opinion mondiale, incrédule devant tout ce qui se passe dans la maison mère du football, Joseph Sepp Blatter tente une nouvelle manœuvre. Il a annoncé qu'il allait tout faire durant les mois qui lui restent à la tête de la FIFA pour consacrer définitivement le principe de la limitation de mandats qu'il a allégrement bafoué il y a quelques semaines. Les statuts de la FIFA, tout comme ceux du Comité olympique international (CIO), ne stipulent-ils pas qu'un homme, ou une femme, dont l'âge dépasse les 70 ans ne peut se présenter pour un mandat de président ? Ensuite, Blatter projette de modifier les conditions d'accession au comité exécutif de la FIFA. Il a indiqué qu'à l'avenir, sans lui, ce ne seront plus les confédérations qui fourniront le contingent des membres du comité exécutif. Il est tard pour se lancer dans les réformes. Il avait promis de le faire lors de sa 4e élection sans jamais tenir parole. Il a toujours préféré le statu quo et la poursuite des affaires juteuses que son clan et lui ont réalisées depuis son arrivée à la tête de la FIFA. L'édifice qu'il a construit est en train de craquer. Lui qui disait à qui voulait l'entendre que la FIFA était une maison de verre est le premier à quitter le navire de sa propre volonté. Il sait ce qui l'attend dans les prochains jours et semaines. Sa décision de renoncer à son mandat claque comme un deal qu'il aurait signé avec les Américains pour le laisser finir tranquillement sa vie dans son beau pays, loin des fracas de la presse et des tribunaux suisses et américains. Il n'est pas exclu que d'autres membres influents du comité exécutif de la FIFA et des présidents de confédération, qui ont été ses fidèles compagnons, lui emboîtent le pas et renoncent, eux aussi, à leur mandat. La page Blatter est tournée. En mars 2016, la FIFA aura un autre président. Au lendemain de l'éclatement du scandale qui est en train d'emporter la FIFA, nous avions écrit : «C'est le début de la fin pour Blatter» et ne pensions pas bien dire. Depuis mercredi dernier, il y a l'avant et l'après-26 avril 2015. Day after, comme disent les Américains.