Le 7 juin 1962 à 12h27, un important incendie provoqué par les extrémistes de l'OAS a ravagé la bibliothèque universitaire d'Alger. Le bilan est lourd : près de 400 000 livres brûlés sur les 600 000 ouvrages que comptait la bibliothèque, et des dégâts estimés à l'époque à 7 milliards d'anciens francs. Selon les témoignages des anciens travailleurs algériens, ce «crime culturel» a été commis avec la complicité même des fonctionnaires français de la bibliothèque, qui collaboraient avec à l'OAS, et vouaient une haine pour les Algériens. On disait à l'époque que la France ne voulait guère léguer à l'Algérie à la veille de son indépendance une bibliothèque aussi riche. L'incendie a provoqué de vives réactions en Algérie et partout dans le monde. Un large mouvement de solidarité, exprimé par diverses organisations, avait abouti à la création, le 21 décembre de la même année, du comité international pour la reconstruction de la bibliothèque de l'université d'Alger (CIRBUA), avec pour but la remise en état des bâtiments, des fonds, et l'équipement de la salle de lecture. Un appel pour la collecte de fonds, sous différentes formes, a été lancé par le Cirbua à l'échelle nationale et internationale. Un appel qui avait reçu un écho favorable. Dans son numéro 66 du 1er trimestre 2008, la revue Philnews révèle : «En juillet 1962, l'union postale arabe avait invité tous ses pays membres à émettre un timbre avec surtaxe, pour la collecte de fonds, en solidarité avec l'Algérie, tout en dénonçant la barbarie de l'acte commis par l'OAS». Etrangement, c'est la Syrie qui avait été le premier pays à émettre son timbre-poste surtaxé dès 1964 (bien avant l'Algérie). Elle sera suivie en 1965 par la Jordanie, le Yemen, l'Irak et l'Egypte, puis la Libye et la Poste saoudienne. Il a fallu attendre trois ans pour que l'Algérie décide enfin de commémorer l'anniversaire de ce tragique événement, en émettant, le 7/6/1965, un timbre-poste d'une valeur de 0,2 DA, avec une surtaxe de 0,05 DA. Tiré à 500 000 exemplaires, et sorti de l'imprimerie des PTT de Paris, le timbre, qui symbolise des livres consumés par le feu, est l'œuvre de Choukri Mesli. Artiste très en vue à l'époque, Mesli, né à Tlemcen en 1931 dans une famille d'intellectuels et de musiciens, a connu un parcours atypique. Après l'installation de sa famille à Alger en 1947, il rejoint l'Ecole des beaux-arts où il devient l'élève de Mohamed Racim, avant de partir à l'Ecole de Beaux-arts de Paris en 1954. Militant au sein du FLN, il participe à la grève des étudiants en 1956, alors que des membres de sa famille ont été arrêtés au maquis. Professeur de peinture à l'Ecole des Beaux-arts d'Alger en 1962, il est membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP), créée en 1963.