Le premier pas a été la transparence sur l'état du secteur. L'enjeu reste de recentrer l'école algérienne sur la maîtrise du savoir scientifique et sur les valeurs modernes devenues une nécessité vitale devant susciter le consensus de la nation indépendamment des idéologies, car le défi concerne la place de notre nation par rapport aux autres, et non pas la concurrence entre acteurs algériens. Le bac, simple diplôme, déprécié plus vite que le dinar, est devenu un ogre. Il est le seul sésame de l'université. A l'époque, d'autres moyens, concours, etc. donnaient cet accès : la Turquie sans bac a un système éducatif et universitaire performant. A la fin du lycée, les élèves admis concourent sur un numerus clausus de places dans les facultés. Nulle part une place n'est garantie pour chaque bachelier, car cela impliquerait une augmentation corrélative du nombre d'enseignants universitaires, et ceci n'est facile nulle part. La conséquence serait de baisser le niveau universitaire pour récupérer celui de la masse des étudiants, mais aussi de délivrer des diplômes au rabais : c'est le cercle infernal d'aujourd'hui. Une réforme du bac est déjà envisagée par les nouvelles autorités de l'éducation. Nous suggérons qu'elle prenne en charge : 1) la refonte de l'organisation de l'examen et sa durée afin de le démystifier et réduire son coût trop élevé ; 2) le recentrage des épreuves sur les principales matières par filière en programmant les autres matières à la fin de la deuxième année secondaire in situ ; 3) l'intégration de la fiche de synthèse dans le calcul de la moyenne du bac pour redonner de l'importance à l'enseignement et à l'enseignant (qui doit être recyclé et revalorisé pour améliorer son rendement pédagogique et disciplinaire) ; 4) la restructuration du système des coefficients au lycée et au bac selon la seule logique de l'ingénierie pédagogique ; 5) la refonte des programmes du lycée pour les recentrer sur les connaissances scientifiques et techniques les plus récentes (sciences humaines et de la nature). Aussi la maîtrise de l'arabe scolaire et des langues étrangères, par lesquelles les savoirs scientifiques sont produits, de même que l'intérêt porté aux langues maternelles, devraient-ils constituer l'ossature de toute réforme non idéologique. Un bac réformé, l'aménagement d'autres modes d'accès à l'université et la revalorisation de l'enseignement professionnel sont les clés d'une société plus apaisée, tournée vers le progrès et mondialement concurrentielle.